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Or, en réalité il se trouve que l’année 731 était précisément celle du Mouton, et 732 celle du Singe. Nous savons qu’il en était ainsi chez les Chinois, mais — comme du reste nous pourrions nous le dire nous-mêmes, — ceci concorde parfaitement, même avec l’usage actuel du cycle duodénaire chez les Turcs Orientaux, ou avec des indications qui se trouvent dans des auteurs mahométans anciens (quoique bien plus récents que nos inscriptions), surtout Âboulghazi Behadour-Khan. Par exemple, Genghiz-Khan mourut le 14 ramazan 624 ap. l’hég. (août 1227), ce qui est indiqué être l’année du Porc : 1227—41.12 = 735, qui était également l’année du Porc, etc.

A ceci l’on ajoute l’indication du mois (excepté dans la première date) et du jour, ce dernier s’exprimant au moyen du datif (-qa, -kä) du nombre cardinal, comme, en somme, on se sert du datif pour désigner le temps où se passe une chose (comp., entre autres, Böhtlingk, Jakut. Gramm. § 564), p. ex., souvent jylqa, en l’an, jašyṅa, dans sa (ne) année, ödkä, au temps, I S 1, etc. (Radloff, qui lit jigirmiki, otuzqy, là même où ^ est parfaitement net et distinct, regarde ces formes comme nombres ordinaux au nominatif: le 20e, le 30e, formations qui seraient sans aucun parallèle dans les idiomes turcs.) Les chiffres forts qui se présentent ici (37 ici et dans II N 10 ; en ce dernier endroit, aussi 36) montrent qu’ils ne peuvent pas désigner le quantième de tel mois même, mais qu’ils indiquent le jour d’après sa place dans la csemaine » sexagésimale mentionnée plus haut II faut donc que, chez les Turcs, les singuliers caractères cycliques des Chinois soient tout simplement remplacés par des nombres cardinaux (dans Ouloug-beg, au contraire, nous trouvons les noms chinois mêmes ; voir Idbler, loc. cit.^ 1832, p. 277 et suiv.). Cependant, l’identification exacte de ces dates avec le calendrier chinois, présente diverses difficultés qui ne s’expliquent que par la négligence des Turcs dans le maniement du calendrier.

Commençons par la dernière date, celle de l’inauguration du monument «aa septième mois, le trente-septième jourit, 732. (Il faut faire ressortir en passant qu’à coup sûr ce n’est pas l’effet d’un pur hasard que les trois quantièmes qui se présentent ici et dans II N 10, et qui se basent sur un choix libre, portent tous le chiffre 37 : ceci a dû être regardé comme un jour «heureux» ; comp. aussi note 19.) Comme nous l’avons vu ci-dessus, le caractère cyclique 37 (chin. Kangtsze) ne se trouve cependant point du tout dans le septième mois de l’an 732, le premier jour de ce mois-là de cette année ayant le caractère Sin-tcheou, c’est-à-dire 38. Or, il faut probablement supposer l’un des deux : ou bien l’indication du «septième mois» est une faute, et en réalité on aurait voulu dire le dernier jour du sixième mois (= 25 juillet 732), auquel cas l’inauguration du monument par les Turcs a eu lieu sept jours avant celui où les Chinois seraient censés avoir dû en célébrer «l’érection» par une cérémonie quelconque, savoir le 1er août 732 avec le caractère cyclique Ting-w(e)i ou 44 ; ou bien les dates chinoise et turque de «l’érection» ou de «l’inauguration» sont identiques, cas auquel, dans leur désignation des jours de la «semaine» sexagésimale, les Turcs ont dû, d’une manière ou d’antre, être de sept jours en arrière aux Chinois, de sorte que le trente-septième jour des Turcs, par ex-