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p. 170 no 182 II, p. 166 no 172 II ?). Ysar doit être pour ydsar (comp., immédiatement après, tosaq ou -syq ? de yd-, envoyer (p. ex. Il E 25 et souvent ; on ne pourrait songer ni à la forme y s- [Radloff, Wôrterb., I, p. 1385] ni à la forme r- [ibid , p. 1409] = yd-, la première de ces formes étant limitée aux dialectes où un d primitif est devenu ; ;, s [p. ex., asaq pour adaq, pied], tandis que la seconde est basée sur la transition de d en i, j [p. ex. ajaq]).

— Dans la combinaison suivante nàà^bufi^OY(f)^joq, j’ai supposé que y pourrait exprimer oy, cmême, aussi», particule mentionnée dans les notes 6, fin, et 34. —

Dans le mot que je transcris toqraqyqasân, le thème est toq (adjectif qui se retrouve dans tous les idiomes turcs), rassasié, + -^^9> affixe de comparatif. Puis j’ai présumé — mais c’est là une pure supposition, — que -yq- pourrait être l’affixe verbal mentionné dans la note 14 (cdevenir plus rassasié»), et qu’en fin on y a ajouté -a comme marque du futur ; comp. note 56, fin, et les formes de la le personne ôlûràjin, uruysyratajyriy I E 10, itâjin^ I E 39, qonajyn, I S 7, ydmajyn, II E 33, igidàjin, II E 36. — La fin de tout ce passage présente de grandes difficultés, et la pensée semble en elle-même peu claire, en tout cas exprimée peu clairement. Parmi les mots constitutifs, acsyq doit signifier «faim, l’état d’avoir faim» (comp. ici aâsar, subjonctif de ad-, avoir faim, et aâ, adjectif, qui a faim, II E 38), et il faut que tosyq ou tosaq signifie «satiété, l’état d’être rassasié», soit que d soit tombé devant s (comme en ysar, v. plus haut ; comp. todsar, subjonctif de tod-, être rassasié = djag., osm., etc. toi’), soit plutôt que le mot soit formé de la racine to-, remplir (d’où aussi toq, v. plus haut). (Radloff, qui, I SW, change arbitrairement tojgt : bu . . . [comp. son Atlas, pi. XIX et XX, Jnscr. de VOrkhon, p. 8, I, 55] en iojg (tojyn^) : tbu . ., voit dans le premier de ces mots le toj (toi) qui se retrouve dans tous les idiomes turcs et qui signifie «festin, noce», et, p. 128, la présence de cette forme à côté du thème verbal tod- lui permet, pense-t-il, de conclure que la forme secondaire toi- était en usage, même pour la part du thème verbal, «dès le VIII® siècle». Mais, quand même nous aurions vraiment le mot toj (toi) dans I SW, ce qui, selon moi, est impossible, cette conclusion de Radloff n’en serait pas mieux fondée. En effet, on ne peut pas prouver que i, j, de toj provienne d’un d. antérieur ; au contraire, nous avons de prime abord la diphtongue dans ce substantif, et c’est aussi là ce que nous trouvons dans les idiomes où d est d’ailleurs développé autrement, par exemple, le koïbal toi, noce(s), mais le thème verbal tos- (toskan, rassasié), cet idiome étant du nombre de ceux où le d primitif s’est changé en z, .s.)

Reste enfin umâzsùn, qui en tout cas doit être une 2e personne (comme toutes les formes verbales précédentes) de la forme négative (mâz) d’un thème verbal m-. J’incline à penser que c’est le même thème qui nous rencontre en lïjûr, note 71. Si cela est, ce mot signifierait donc littéralement : «tu n’amasseras pas», c.-à-d. «tu n’augmenteras pas, tu n’éprouveras pas à un plus haut degré de satiété, de faim».

Dans la première partie de notre passage, la leçon de II, aâsar, «si (quand) tu as faim», est préférable à celle de 1, aâsyq, qui donnerait l’étrange