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20 objets précieux (Radloff, Wôrtcrb. I, p. 154) ; il est vraisemblable que ce mot peut signifier aussi présent, don, tandis que «Tribut, Lohn» (Radloff) ne convient pas. Corn p., quant aux €ayy* que les Turcs reçurent de la Chine, un vers du Koudatkou Bilik : «Kitai arkiši kezse arkiš turur kajun kelkü erdi tümendü aki [c.-à-d. ayy] ; wenn Chatai’s [= China’ s] Karavane dahinzieht, so ist es eine Karavane, von wo tausendfache Spenden kommen solien», Vambéry, Uig. Sprachmon., p. 134—135 v. 8 (Radloff, Das Kudaiku Bilik, p. 149 = 126, 35).

71) [I S 5, 11 N 4]. Les formes sabyn et ayyn sont cas instrumental se terminant par ) ; voir p. 29. Concernant arap — c’est ainsi, je suppose, qu’il faut lire rp, du thème ara- — voir note 11, p. 142. — Dans ce qui suit, je me suis rangé, malgré beaucoup de doutes, à l’avis de Radloff, et conçois ûjxlr (ou ôjûr) comme répondant aux altaï, téléoute â-, kirg. ûi-, sagaï, koïbal %-» djftg- ôk-, accumuler, entasser («anhâufen, aufhttufen», Radloff, Wôrterb, 1, p. 1798, 1800, 1807, 1178). Mes doutes se basent soit sur la forme du mot, qui semble plutôt concorder avec les formes modernes les moins primitives, soit sur le sens figuré où il doit être employé ici et dont, ce semble, il n’y a pas d’analogue dans les autres idiomes. En tout cas, ce mot doit nécessairement, selon moi, se concevoir comme verbe transitif, à cause de l’accusatif biligin^ «leur savoir», en II, tandis que Radloff traduit : «— so ist (bei ihnen) einsichtsvoiles Wissen verbreitet», et, dans le Glossaire, p. 104, il explique ujûr comme «aufgehâuft, viel>. J’ai traduit : «ils (les Chinois) répandirent( ?) parmi eux leur civilisation, etc.» ; il aurait été peut-être plus correct de l’interpréter ainsi : «ils (les Turcs) amassèrent, c’est-à-dire s’approprièrent largement, la civilisation, etc. des Chinois», ou bien «ils firent croître leur (propre) civilisation, etc.» ? Le thème du verbe affecte vraisemblablement la forme ii- (+ j-ûr) et non ûi-, ûj- (+ ûr) ; en somme^ les diphtongues palatales ne semblent pas se présenter (voir p 27). Comp. ûmâzsàn, note 74 (kû [note 19] : û- = altaï kâ : rt- ?).

72) [1 S 6, II N 4]. Le sens du mot bisiik (bisûkiàâ) m’est obscur, et j’ai dû passer sur ce mot dans ma traduction. Voici la traduction de tout ce passage par Radloff : «(Selbst) der sich irrende Mensch wagt sich nicht an die Ehre (dcn Schmuck) ihrer Weisen und ihres Volkes», et dans le Glossaire, p. 139, il traduit bnaûk par «der Schmuck, Glanz», tout en en rapprochant l’ouigour bàzûk, qui signifie orné ; ornement ( ?) ; comp. djag., osm. bâzâk, ornement, parure, du thème verbal bâzâ-^ ouig. bûz-, orner, parer. Cependant l’on verra que, dans tous les idiomes cités, ce thème a z, et non s, ce que d’autre part nous trouvons dans l’inscription, et comme l’ancien turc distingue, d’une manière très conséquente et en concordance parfaite avec le djagataï et l’osmanli, entre z et s, comme en général entre les sons vocaliques et les sons soufflés, l’interprétation de Radloff devient tout à fait invraisemblable, d’autant plus qu’en lui-même le sens me paraît demeurer assez obscur. A regarder la forme seulement, je supposerais plutôt que hisiik était = ouig., djag., etc. bièiik, ’ik, cuit, mou, mûr, de his- ({ns-}, cuire, être cuit, devenir mou, mûr