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A’thie; voir p. 72, note 2. Le sens appellatif de ce nom peut être «haut» ; comp. note 4 ; à la fin.

55) [I N 6]. Ag(i)rä (ou äg(i)ri, car la dernière lettre n’est pas tout à fait claire, mais semble être ^ ) se retrouve aussi, suivi du verbe toqy-, dans II E 31; en outre, äg(i)rip I N 7 et II E 2. Ces formes, changées partout par Radloff de différentes manières, appartiennent au thème agir- ou âgàr- (djag., osm., etc), tourner, faire tourner. Ce sens de tourner ou changer ressort manifestement de II E 2 ; mais il s’applique encore aux autres passages où ce même mot doit évidemment se concevoir comme terme de guerre. On pourrait imaginer que le mot faisait allusion à l’opération fréquemment pratiquée par les Turcs de feindre une fuite et de s’arrêter brusquement pour renouveler l’attaque (est-ce là ce qu’on doit voir dans I N 7 ?). Toutefois, comme àg(i)râ est, dans les deux passages où on le trouve, relié au verbe toqy•^ battre, abattre, je crois plutôt qu’il veut dire changer le mode de combat, en cessant d’eibployer la lance et la remplaçant par les armes de taille (comp. notes 43 et 53). C’est pourquoi je traduis librement par «en en venant aux mains».

56) [I N 7]. Qamaštdy (ou qamyê-T), prétérit de la forme transitive {•ir) de qamaë- {qanxyê djag., osm., s’émousser, surtout en parlant des yeux ou des dents. (En II E 81, on écrit qamaêty, sans d, en général supprimé fréquemment après t en II.) Par conséquent, mot à mot : le peuple turc amollissait le pied (adaq, p. 23), faisait amollir le pied, ce que j’ai rendu par : <— tombait de fatigue». — Dans ce qui suit immédiatement, la leçon bo[idaâ]y^ ârti se trouve confirmée par le passage parallèle de II E 31. P. 35, j’ai mentionné l’affixe se présentant dans boidaëy^ ayant douté là, sans raison, de la présence d’une voyelle a, à devant <5. C’est seulement après l’impression du passage en question que je suis arrivé à une idée bien nette de ces formes, bien que j’eusse déjà compris alors que, dans un grand nombre de cas au moins, elles ont le sens du futur (p. ex. avec un pronom enclitique, comme sàn, voir p. 29), et, combinées avec àrti, le sens du conditionnel. Nous retrouvons l’affixe lui-même, en coman, dans certaines formations avec le sens de noms d’agent ordinaires, telles que Jendââi (jàfidàèi), «victor», tuurdaèi^ «parens», kutkardaâi, «liberator» (G. Kuun, Codex cuman., p. CIV). Mais une concordance complète avec le langage des inscriptions se présente dans une petite série de formes en -daây, -dûèi, dont M. Houtsma a constaté la présence dans quelques vieilles sources turques ; voir la Zeitschr. d. deuL Morgenl. Ges», XLIII, 1889, p. 74, ainsi que Ein tûrkisch-arabiaches Glossar^ Leiden, 1894, p. 42 (c’est M. l’académicien Salemann. de Saint-Pétersbourg, qui a bien voulu attirer mon attention sur ces passages dans les travaux de M. Houtsma). Ces dernières formes, c’est M. Houtsma qui l’a démontré, ont le sens d’un «nomen futuri», et s’emploient, avec des affixes pronominaux enclitiques, comme le futur, p. ex., (Adadysdn, tu seras. Avec ceci concordent tout à fait, comme on vient de le dire, les formes de ce genre que nous trouvons dans les inscriptions. Tandis que Radloff les a généralement rendues