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45) [I E 36—37 ; comp. II E 27]. Aitun-jyè, «les monts d’or» (concernant Jl/ë voir note 6) = chin. Klnchan (comp. p. 61), doit être le Grand Altaï. — Le verbe toy-, qui dans les autres langues signifie seulement «naître» s’élever» (en parlant des astres), s’emploie ici transitivement dans le sens de «monter, gravir». Quel est celui des affluents du fleuve Irtych (l’Irtych Noir, l’Irtych Gris, etc.) dont on veut parler, c’est ce qu’on ne peut naturellement pas décider.

— A l’égard de Türgäs voir note 26 et suiv. Cette campagne faite dans la 37e année de Bilghè kagan (II E 26—27), c’est-à-dire environ en 720, a bien pu avoir pour but de châtier les Turghès (Tou-ki-chi) de l’essor qu’ils avaient pris après la mort de Me-tch’oue (voir p. 74). Le khan des Tou-ki-chi, dont il est parlé à cette époque, Sou-lo, vit, il est vrai, encore nombre d’années après ; mais il se peut bien qu’on fasse ici aUusion à un autre prétendant qui n’est pas mentionné dans les sources chinoises. — Dans ce qui suit, Bolâu, Boltchou semble avoir été le nom d’une localité, dont la détermination est impossible. — Quant aux mots otda buraèa^ que je traduis «comme le feu et la tempête >, et qui semblent figurer la vitesse, voir p. 34.

46) [I Ë 37—38]. Ces mots me sont inintelligibles, ce qui est en partie le résultat de la lacune précédente ; seulement kisin doit être ikisin, tous deux (ou deux d’entre eux ?), à l’accusatif^ et ôzi, lui-même. Radloff donne dans sa transcription : tutusdy àkisin ôzi altysdy, qu’il traduit : «. . wurden t)eide dort ergriffen und er selbst festgenommen», interprétation que je ne saurais faire concorder avec texte ni contexte.

47) [I E 38]. Je ne peux pas comprendre autrement les mots (bujuruqy [nominatif] az tutuquy etc.), bien qu’on eût plutôt pu s’attendre à voir indiqué que les Turcs auraient fait prisonniers quelques-uns des Turghès (c’est ce que pense Radloff : «er drang aber wiederum ein und nahm einige Gefangene von den Beamten des Chans mit eigener Hand fest»). La forme tutuquy est Taccusatif (comp. p. 13 au bas) de tutuq, pris, ici prisonnier (comp., par ex., Vambéry, UCg. Sprachm., p. 101 v. 77 ; différent de l’autre tutuq, note 38 ?).

48). [1 E 39]. Qara-Tûrgàs, les Turghès Noirs, doivent être quelque section spéciale des Turghès ; d’après Radloff, p. 131, c’était un peuple établi au S.-O. des Turghès. Sur quoi s’appuie cette assertion, je l’ignore. L’enchaînement des choses ne serait-il pas autre ? Sur le compte de Soulo, qui se proclama khan des Tou-ki-chi après la mort de So-ko khan (voir p. 74), les Chinois racontent qu’il gagna le dévouement de ses sigets et qu’ils obéissaient à ses ordres avec empressement. Mais plus tard il y eut une réaction : ses sujets commencèrent à l’abandonner et à exciter des troubles. Sa cour fut divisée en deux factions ; celle qui avait pour chef un descendant de Tancien khan So-ko, fut appelée la faction jaune (chin. hoangj, et ceux qui suivaient le parti de Sou-Io, furent connus sous le nom de faction noire (chin. hcj. Pendant ces troubles, Sou-Io fut assassiné, en 738. (Voir Dbguignes, I, 2, p. 499 et suiv., Visdelou, p. 54 et suiv.) N’aurions-nous pas ici la clef de l’énigme de ce nom singulier