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44) [I E 36]. La combinaison qdyry n’admet pas d’autre leçon que a^-adyyryy, l’étalon blanc, à l’accusatif. Adyyr, qui se présente également II N 11 comme adyyryn, est Fancienne forme historiquement correcte = djag., osm., etc., aiyyr, soïote, koïbal, etc., asqyr, le d originaire, qui s’est toiyours maintenu, sans exception aucune, dans la langue des inscriptions, s’étant régulièrement changé, après une voyelle, en i, y, dans les premiers de ces dialectes ; en jf, respectivement s, dans les derniers. — Le hajyrqunyà (ou baJraq-7) qui précède, est naturellement un génitif ; mais la question est de savoir si c’est bajyrqun + -yà (comp. p. 28 et suiv.) ou si ce ne pourrait pas être hajyrqu •- -nyàt en sorte que l’affîxe de génitif après des thèmes se terminant par une voyelle, à l’instar, par ex., de l’ouigour, a été, non pas -à, mais -nyà (il ne se présente pas d’autre exemple de génitif d’un thème en voyelle). En faveur de la dernière alternative on pourrait alléguer que dans le second bjrqunà, I E 36, n est exprimé par rf*, en dépit de ïu qui le précèd<% comme si nyà se faisait sentir comme un élément à part lui. Dajyrqu deviendrait donc le même mot que celui mentionné dans la note 41, bien qu’ici il soit vraisemblablement nom de personne. Dans la traduction j’ai exprimé mon doute en écrivant Bayirkou(nf). — Syju est un gérundium en -m, de sy-, en osm. crompre, casser, briser ; détruire ; égorger ou abattre un animal ; mettre une armée en fuite» (Barbier de Meynard, Dict turc-franç., II, p. 242), et de même en ouig. (Vambéry, Uig, Sprachmon., p. 112—113 v. 4, p. 255 et suiv. ; id., Etym. Wôrterb., p. 152, no 163). De là aussi symady, 1 S 11 = Il N 14, dans un sens figuré («il n’a pas rejeté»). — Le mot le plus douteux, c’est udkyqyn (od ?). L’épellation par h y, écrit dans la dernière syllabe, montre positivement que ce ne peut pas être le cas instrumental, où i, y^ ne s’écrit jamais, mais un accusatif avec l’affîxe pronominal de la 3e personne. C’est donc le régime direct de syju urty^ coordonné à adyyryy (comp., p. ex., hudunyy ttirk tôrûsdn I E 13). Ne pourrait-ce pas être une forme ancienne répondant au djag. uituq, osm. uiiuq, yakoute uUux, cuisse ? Bien que je ne sois pas à même de justifier, par des preuves exactes, cette hypothèse, elle s’accorde pourtant bien avec la phonétique et le sens. La traduction littérale de ce passage serait donc : «il frappa, en le (la ?) cassant, l’étalon blanc de B , (savoir) sa cuisse( ?)», ce dont la seule signification est que durant l’attaque il arrive à Kul-téghin de faire au cheval en question, qu’il monte lui-même, telle ou telle blessure dangeieuse (le sort même des chevaux n’est, en général, mentionné que quand ils trouvent la mort dans une lutte), soit qu’il blesse involontairement l’animal, ou que ce dernier se casse la cuisse. Dans ma traduction je me suis contenté de rendre ainsi ce passage : «il éreinta l’étalon blanc de B.» (Radloff lit tout ce passage et l’interprète d’une tout autre manière que je ne puis en aucun point trouver justifiable [voir aussi dans son Glossaire les différents mots en question]. En transcrivant il donne, p. ex , Bajyrqunyna, bien que l’original n’ait pas d’à final ; il lit qadyyray, «sehr heflig« ; mais ici, comme toujours dans les langues apparentées, l’adjectif propre est qatyy, par un t (I N 11, I S 2), et de même l’affixe du comparatif est raq {ioqraq- I S 8 = II N 6, uote 74 ?) non -ray^ etc.)