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dont il s’agit s’écrit toujours sans i dans les inscriptions, et a dû par conséquent être tàz ;)

42) [I E 36 ; comp. II E 26—27]. Sur sûhûg, lance, voir note 31. Baiym est dérivé de bat- (ouig., djag., osm.), descendre, s’enfoncer, enfoncer, avec l’affixe -m, qui désigne la mesure dans laquelle agit l’action exprimée par le verbe, par ex., osm., tat, etc. atym (de a^, jeter, lancer) : oq atymy, portée de flèche ; èayyrym (de èayyr-^ crier), la distance où l’on entend le cri d’un homme, une verste ; iëim (de iè-^ boire), gorgée, etc. Par conséquent, sûnûg batymy est la mesure, la profondeur jusqu’où les lances s’enfoncent (dans la neige). Qaryy est l’accusatif de qar, neige, et sôk- (ouig., djag., osm.), fendre, séparer, débrouiller, etc. (Joh sôkàr^ cbricht seinen Weg», il fraie le chemin, Vambéry, Uig, Sprachnion , p. 87 v. 38). (Radloff : tihr Geschlecht, die Batymy (das Geschl. B.) Râuber [qaray, pillage] schimpfend». Mais, sans parler de ce qu’il y a d’étonnant à ce qu’on eût trouvé cela un exploit digne d’être éternisé, il faut faire ressortir lo que, comme nom propre, Batymy aurait dû précéder, et non pas suivre, le mot qui devait signifîer «famille» ; 2o que le mot qui signifie «famille, race» et dont la signification propre est «os», s’appelle sôàûk (ou siïàûk), avec k (voir I E 24 = II E 20) comme partout dans les langues turques (ouig. id. ; djag. sôngàk ; osm. sôkûk ; dialectes de l’Altaï sûôk, etc.) ; mais le mon. II a bien nettement sûàûg, avec g, et le mon. I a du moins g plutôt que /r, bien que ce dernier caractère du mot soit quelque peu effacé ; en somme, les deux caractères y et A ; sont distingués avec précision l’un de l’autre dans les inscriptions, où on ne les confond point ; 3o comme en font unanimement foi les langues apparentées, telles que les osm., djag., etc., qui distinguent encore, aussi nettement que l’ancien turc des inscriptions, entre k et g, on doit s’attendre que le verbe injurier a eu la forme sôg- (djag. sôg-^ osm. sôi- non sôk.)

43) [I E 36]. D’après la manière de combattre des Turcs, une attaque comprend deux ou, éventuellement, trois actions : lo étant encore à distance, on tire sur l’ennemi avec des flèches {oqun ur-, comp. p. 14) ; 2o on le charge, lance baissée, pour le transpercer (sanâ-J ; 3o on lutte dans la mêlée avec l’épée ou peut-être la hache pour l’abattre (toqy-J ; (comp. également Yambért, Uig. Sprachmon., p. 126—127 v. 145-6, où, au lieu de sôkûn, il faut lire sûngûk (sûàûg) ou bien sûngûng (sûàûà) comme dans Radloff, Das Kuciatku Bitik, 88, 24 — 25, p. 99). — - Le sens du verbe opla- dont le gérundium opiaju se joint à tûg-, attaquer, charger (ici, I £ 32, I N 2, 3, 5), m’est inconnu. — Le verbe sanâdy reçoit ici et en I N 2 l’addition de l’adverbe udyèru, que je relie à l’ouig. udru, au djag. utru, à l’altaï uduru, etc., en face («entgegen, gegenûber, zur Begegnung», Radloff, Wôrterb.J. La différence se réduit à ce qu’ici l’affixe adverbial n’est pas ajouté au simple thème tid-f mais à une formation réciproque en ë. Je traduis cela «dans la rencontre», présumant qu’il a trait à un moment où l’armée qui donne la charge, se heurte contre l’ennemi.