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«contre ton kagan — et contre ton peuple (empire)». Cette leçon est en tout cas à préférer à celle de l qayanyàyn^ qui est ou accusatif, employé par une anacoluthe, ou génitif (comme I S 9) : «contre le bon empire — de ton Bilghè kagan — ».

31) [I Ë 23, II E 19]. Qandyn ou qandan^ seul exemple de la désinence ablative -dyn, -din (comp. ouig. -dyn, -din, djag., tarantchi -din)y ou -dan, dàn (osm. et les autres dialectes) ; autrement, l’ablatif est identique au locatif se terminant en -rfa, dà. — Jaraqlyy, armé (I E 32), de Jaraq, armes, armure (I E 33, = osm., djag.) ; sûàûglig, muni d’une lance, lancier, de sûàûg, lance (comp. I E 36 et note 42), = ouig. sûngûk (sûnûgf)^ id , siingûy sûfiûy en djag., javeline, petite lance, baïonnette, en osm., baïonnette ; la même racine figure dans le fréquent sûAûè^ combat ; lutter, proprement se porter des coups de lances l’un à l’autre. (Radloff : «Von wo ist (dir) die Ruhe[ ?] gekommen, wer bat sie verbreitet[ ?] ? von wo her ist die Geschlechtseintheilung [confusion de sààûg et de sô/Im/c, note 42, ainsi que de -Uy et de lik, note 4] gekommen, wer bat sie verbreitet [ ?] ?) Observer les allitérations de I E 23 = Il E 19 : jaraqlyy — jaia^iltdi, sûnûglig — sûrà>^iltdi.

32) [I E 23, II E 19]. Ùtûkàn ou uttikàn ou kin (comp. p. 20), toujours combiné avec Jyè, mont boisé, voir note 5 (l S 3, 4, 8 = Il N 2, 3), une fois avec jir, pays (1 S 8), est rendu par «der geliebte Bergwald» (ici pourtant, par inadvertance, «der dichte B.») dans la traduction de RadlofT, qui renvoie à l’ouig. tôtiit [= ôdûr-, ôiûrf], choisir, élire. La manière dont s’emploie ce mot, exclusivement là où il s’agit de la localité qui était le pays propre des Turcs, et qui était, ou du moins avait été jusque-là, le centre de leur empire et la résidence du kagan, montre incontestablement que c’est un nom propre dont le sens appellatif est obscur et sans importance (tat. de Kasan ritkin, sagaï ôlkûTty tranchant, aigu ?). C’est pourquoi je rends ce mot par «la forêt, le pays d’Eutuken». Indubitablement c’est ce même nom que, pour la part d’une époque un peu plus reculée, nous trouvons rendu par les Chinois dans la forme Toukin, le mont où habite le kagan des Turcs ; voir p. 60, note 2, p. 63. Mais, de plus, ce doit être le même nom que, dans un temps un peu plus récent, nous retrouvons sous la forme plus complète Wou-U’-kien (ou Ou-te kicn, etc.). Il s’est trouvé mentionné dans la notice sur les Karlouk, p. 71, note 3. Un autre endroit, nous lisons qu’après le renversement de l’empire turc, en 746, le kagan des Ouigours établit sa résidence «entre les monts Woute-kien et la rivière Koun* (c.-à-d. l’Orkhon ; Visdelou, p. 59 b ; BretscHNEiDER, 1, p. 240, note 604 ; Devéria dans Inscr. de l’Orkhon, p. XXXIV b, note 1). Comme cette résidence était Kara-Balgassoun (voir p. 75, note 1), il faut bien que les monts cités soient ou le Hangaï ou bien, peut-être, la partie orientales des Altaï du Sud. Enfm c’est évidemment ce même nom que nous rencontrons dans Hachideddin sous la forme Uiikan li)’-^^^^’) comme nom d’une des dix rivières où demeuraient autrefois les Ouigours, et d’une tribu des