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Ce dernier passage ne semble d’ailleurs se trouver que dans II, puisqu’il n’y en a pas place dans la lacune de 1, qui ne comprend que 16 caractères environ.


29) [I E 22—24, Il E 18—20]. Toute cette apostrophe aux Turcs et spécialement aux Ogouz, fait allusion à la grande défection et à l’émigration en Chine, qui, d’après les sources chinoises, eurent lieu pendant la dernière année de la vie de Me-tch’oue, 716, et qui furent l’occasion de sa mort. Voir p. 72. (Ma traduction de tout ce passage, I E 22-24’, s’écarte très considérablement de celle de Radlofî, laquelle je ne comprends pas en partie et qu’il serait trop long de réfuter dans tous les détails.) — Les formes basmasar (de bas-, presser, fouler aux pieds, attaquer à l’improviste, fondre sur qn) et tàlinmàsâr (de iàlin-^ osm. dàlàn-^ éclater, passif de djag., etc. tàl-, til-, osm. dàl-^ percer, trouer, diviser en petits morceaux) sont des subjonctifs en sar (= sa dans les autres dialectes, affixe dont le rapport à -sar est le même que celui d’un gérundium à un nom verbal [participe, indicatif) ; comp. p. 11) ; voir p. 31, note 1. et comp. aâsar II N 6, ûrsàr I N 10, I S 11 = II N 8, oiursar I S 3, 8, y sar (pour ydsar) I S 8 = Il N 6, kâlsàr I N 11, jahyisar 1 S 6 = Il N 4, todsar I S 8 = II N 6, bar sar ibid., boisar 11 W 3. (Radloff voit dans cette forme seulement un participe et traduit, par ex. ici : «0 Tiirkenvolk, das oben der Himmel nicht bedrângt und unten die Erde nicht beneidet !»[ ?].) — Artaty est le prétérit de ariad-, ouig. arlat- ou, selon Radloff, Wôrterb., ardai-, téléoute artai ; ruiner ; comp p. 22 et note 20. (Radloff : «Wer bat deine Stâmme und deine Gesetze vermehrt ?> Il lit ariiy [ce qu’on aurait écrit aridy], de art y dans le sens arbitrairement supposé transitif d’agrandir.) — Ce qui vient ensuite :

udây[. .]y ou udâa[. .]y, odêa[. ,]y, est obscur. Radloff le change 

arbitrairement en uiiaèysy, qu’il traduit par csiegreich», victorieux, de mc/-, vaincre ; cependant, sa leçon ainsi que son interprétation sont impossibles (sur ■taiy voir note ô6). Je m’attendrais plutôt à y trouver un prétérit, peut-être d’une expression à périphrase, parallèle à artaty, par ex., udëa (ou odën)^[yt]y ou quelque chose de semblable ; toutefois le sens reste obscur pour moi : qui a ruiné ton empire [et l’a désorganisé, déshonoré ?] ? Je ne trouve pas moins d’obscurité dans ce qui suit : rts ou rtz[,], à voyelles palatales (àrtâs- ou àrtiz-î). On s’attendrait plutôt à un impératif, parallèle à o/cm/i, repens-toil Quoique le z soit tout à fait distinct, Radloff lit rtn, qu’ensuite il change arbitrairement en ârtiiïy tu étais, ce qui est partout ailleurs et sans aucune exception (irtig ; voir p. 21. Par conséquent, l’interprétation de ce passage par Radloff : cdu warst das siegreiche Tûrkenvolk», est inadmissible selon ma conviction. En attendant, je dois moi-même renoncer à en trouver la solution.

30) [1 E 23, II E 19]. La combinaison ârbar (comp. I N 1, Il E 29) mot à mot cêtre et aller», doit signifier vivre et se remuer à son gré (en nomades). Je traduis par cvivre en liberté» ou cjouir de la liberté». Comp. par-jHy^, vivre, par ex. Radloff, Pr. d. VolkslU, II, p. 660 v. 614, 616. — Dans la traduction j’ai suivi la leçon de II quyanynay datif, parallèle à Uinà :