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signification que nous ne retrouvons pas, il est vrai, dans d’autres sources ; et, II S 13, nous le rencontrons comme ici côte à côte avec Teulès et avec addition de cen arrière», par conséquent vers l’ouest. Or, les Chinois racontent en outre (v. p. 69—70) qu’après la victoire remportée, en 706, sur eux, Me-tch’oue «donna le gouvernement d’occident à Me-kiu, fils de Kou-tou lou». C’est là évidemment la même chose que le kagan lui-même rapporte II E 15 : «dans ma 24e année (c-à-d. 707 ou 706, comp. note 108) je devins chad du peuple Tardouch.» Conséquemment le nom de Tardouch doit s’appliquer à la partie occidentale de l’empire des Turcs orientaux, et ce qui relie Bilghè kagan aux Tariouch, c’est qu’avant son avènement au trône il les a gouvernés avec le titre de chad. Le passage dont il s’agit ici, signifie donc que le kagan, après avoir «aboli les institutions» nationales des peuples assujettis, organisa l’administration des deux moitiés de l’empire, savoir la moitié orientale et la moitié occidentale, conformément au régime traditionnel des kagans turcs.

22). p E 14, II E 12]. Birijà —jyrvja (r)u jyraja), bir(i)gârû-’jyr(y)yaru, 10 en deçà — au delà, = 2o à droite — à gauche (par ex. I S 1 = II N 1), 3o vers le sud — vers le nord ; comp. ilgârû, ôhrà (I E 4 = II E ô, II S 13 ; Onghin6 ; ouig. d/l, face), en avant, vers l’est, quryja (IN 12), quryyaru, kirû (I E 2), kisrà (II S 13 [kiràf Onghin 6] ; ailleurs : après), en arrière, vers l’ouest. Bàri (baril), (en) deçà (pas de bir, un ; peut-être de 6âr-, bir-, donner ?) est bien connu dans tous les dialectes turcs. La contrepartie, (au) delà, s’appelle, dans la plupart des dialectes, ary ; ici l’on emploie des formes d’un thème jyr- (comp. yraq [jyraq], lointain, p. 27 ?). — Qui est Bnz qayanf Comp. I E 16 = II E 13. Serait-ce le kagan des Ogouz ? — Oyuz^ Ogouz, nom souvent cité et bien connu dans l’histoire légendaire des Turcs («Ogouz khan», personnification du peuple Ogouz et fondateur fabuleux de l’empire ouigour) est ici le nom d’un peuple composé de 9 tribus (toqus Oyus, les Neuf-Ogouz, ici et I N 4, I S 2, II E 1, 29, 35 ; Onghin 10), établi au nord (au nord-est ?) des Turcs (ici, I E 28 = II E 23), près, par ex., des rivières Tola (II E 30) et Selenga (II E 37, pourvu que ce soient les Ogouz dont il s’agit ici). Ils sont proches parents des Turcs et leur sont assujettis (comp., par ex., I N 13, I S 2, II E 1) ; toutefois, au moins à l’époque dont traitent essentiellement les inscriptions, ils n’ont pas cessé d’être mécontents et rebelles (par ex. I E 22, I N 4 et suiv , 11 E 29 et suiv., 35, 38). Quand nous considérons tous ces détails, il ne saurait guère y avoir de doute que les Ogouz -- nom que jusqu’ici, dans les temps historiques, on n’a pas pu constater comme nom de peuple, — ne soient les mêmes qui, sous un autre nom et présumablement d’après une autre répartition des tribus, sont appelés Ouigours (ujyur figure II E 37 ; mais ce passage est si mutilé qu’on ne voit pas nettement le sens de ce nom, tandis que, dans le titre du kagan ouigour que présente le fronton du mon. III, ce nom figure dans le sens ordinaire ; voir ma Notice préliminaire, p. 18 = 297, note). Les Chinois rendent diversement le nom d’Ouigour : sous la dynastie des Soui (589—618) par Wei-hoy sous la dynastie des Thang, par Houi-ho, et, à partir de 788, par Houihou ; enfin, du temps des Mongols, par Weitcourh ou Ouinyourh,