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ne pourrais-tu point accepter ce que notre cœur t’offre, à condition cependant que ce serait chez moi, non chez d’autres, que tu vivrais. Penses-y et envisage le plaisir indescriptible que tu me ferais.

Je te remercie de ce que tu m’apprends de ma famille, de mon pauvre frère surtout. Puisse-t-il toujours marcher dans les voies de l’honneur ! Je te prie de m’excuser auprès du Préfet et de mes compatriotes. Je te remercie et je ne refuse pas, s’il y a lieu, que tu écrives un article sur ce tableau. Je te prie surtout de t’étendre peu, mais d’appuyer fort. Rien d’exagéré, je te prie. La rigueur avec laquelle on me traite, offre naturellement assez de matière. Je dois t’avertir pour ta règle, si jamais on en avait vent à Paris, de faire la description particulière du fond du tableau, vu que j’ai déjà envoyé ce même tableau aux Expositions précédentes. Tu en auras sûrement lu alors les insignifiantes et injurieuses critiques, à solito ; il n’est même pas mal que tu te les procures. J’ai, à la vérité, refait ce tableau, n’en ayant conservé que des parties, des figures, des têtes. La composition en fut blâmée. Je me rappelle qu’on disait, — à côté du sens commun et contre la vérité historique, — que l’ambassadeur avait l’air d’adorer une relique. Je demande à tous ceux qui raisonnent et qui ont le jugement sain, si l’épée d’Henri IV n’est point effectivement ici une véritable relique, et si l’acte de l’ambassadeur n’est point une espèce d’adoration ? C’est ainsi que j’ai été toujours critiqué. Si j’ai donc refait ce tableau et prêté de