Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 75 —

je ne serai plus que terre, on en parle selon la justice.

Mais je ne suis pas de force à continuer plus longtemps cette triste élégie et je veux te parler du but de ma lettre. Je t’envoie L’esquisse de ce tableau : ce n’en est que la première pensée, et il y a une notable différence entre l’esquisse et l’ouvrage fini. J’ai désigné, comme te revenant, l’esquisse de mon portrait. Pour les autres, fais comme tu jugeras à propos. À l’ami Gentillon, par exemple, un dessin de ton choix pour reconnaître sa complaisance et me remettre en son bon souvenir. Quant à notre tableau, (on s’entend mal lorsqu’on est si loin), ce que je puis te dire, c’est qu’en accusant réception au Préfet de son obligeante lettre, j’ai accepté qu’il me laissât le soin de contenter tout le monde, ce qui sera : car, quoique il y ait anachronisme dans le Vœu de Louis XIII et la Madone, il y a liaison dans le sujet. Je n’ai jamais pensé ne pas peindre l’Assomption, qui est le bouquet du tableau. Et sans en plus reparler, voici comment le tableau sera fait. La moitié du tableau est la Madone qui monte au ciel, soutenue par des anges ; l’autre moitié est le roi, dans sa chapelle ou oratoire. Ce jour même, Louis XIII croit voir la Madone en sainte vision. Il prend alors son sceptre et sa couronne déposés sur les marches de l’autel et les offre en protectionà la Vierge, qui y prend une sorte de part.

Ceci est de toi à moi, pour ne pas réveiller les si et les mais. Lorsque le tableau sera fait, je crois