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Parlons à présent de M. Graves, à qui je suis bien reconnaissant de ce qu’il veut de moi. Dislui, je te prie, tout de que tu peux trouver d’affectueux pour moi, en même temps que pour les deux tableaux de 3 pieds sur 2 1/2. Je ne pourrais les peindre qu’au prix de deux mille francs l’un, sans compter que d’autres ouvrages arriérés et notre grand tableau m’empêcheraient d’y mettre la main avant l’année prochaine.

Voici, à présent, d’autres propositions. Tu sais l’inclination que j’ai pour le sujet de Stratonice. J’ai ce tableau avancé au tiers. Il est d’environ six pieds de long, avec figures de la grandeur de celles du Poussin. Parce qu’il est commencé, son prix est de trois mille francs ; mais il ne sera pas achevé avant l’année prochaine et si M. Graves veut avoir quelque chose de moi ; en celle-ci, j’ai, à moitié fait, un tableau très fini sur bois dont le sujet est Don Pèdre de Tolède baisant l’épée d’Henri IV. Après cela, je te dirai, mon cher ami, que les petits tableaux sont plus longs et plus vétilleux que les grands et que, les faisant comme jusqu’ici, je n’y ai pas gagné de l’eau à boire, parce qu’étant petits ils n’ont jamais été assez payés. Je désirerais, de toi à moi, que M. Graves voulût s’accommoder de Stratonice. Le prix du petit serait de trente louis.

Adieu, mon cher philosophe. Ma lettre a l’air de celle d’un intéressé, et combien ton amitié est douce et précieuse pour moi. Ma prochaine te vengera de mon égoïsme. En attendant, crois à