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et à ta famille, à laquelle j’adresse tout mon respect, et à l’amitié de notre bon Couderc, de Bardou et de tous ceux qui m’aiment.

L’ami Bartolini ne peut pas t’envoyer aujourd’hui sa lettre, quoique écrite aux trois quarts et demi, vu qu’il a impérieusement modèle. Il te fait mille et mille amitiés jusqu’au prochain courrier. Je dois aussi te prévenir que je ne suis à Florence que jusqu’au 10 du mois prochain. Je n’ai ni le temps ni la place de te parler musique, que tu entends et sens si bien, ni peinture. Viens donc en faire ensemble et me voir peindre un tableau.

IV
Florence, 2 janvier 1821.

Mon cher et cher ami, je t’embrasse du plus profond de mon cœur et te souhaite, aujourd’hui, pas plus particulièrement que les autres jours, le plus parfait bonheur dans ce monde. Vivre sagement, borner ses désirs et se croire heureux, c’est l’être véritablement. Vive la médiocrité ! C’est le plus heureux état de la vie, ce me semble. Une certaine aisance, avec laquelle on a, d’ailleurs, l’abondance juste des choses nécessaires et même très agréables de la vie, vous donne, d’abord une belle santé et vous laisse le temps de vous occuper, par le cœur, à des choses bonnes et honnêtes. Le luxe superflu et ruineux, en tout, corrompt les délicieuses qualités du cœur ; car il est malheureusement vrai que, plus on a et plus