Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 41 —

surtout parce que j’espère bien en causer bientôt, de vive voix, avec toi. Sache seulement que, malgré les nombreux chagrins que m’ont dû occasionner ce grand nombre d’injustes et dégoûtantes critiques, pleines de mauvaise foi, d’ignorance et de méchanceté, j’ai été un des plus courus au Salon, que j’ai trouvé une grande masse d’approbateurs, à la tête desquels je me fais honneur de citer ceux qui tiennent le premier rang dans les arts, pour me rendre justice.

Cet article, écrit par Gérard, ici, au Directeur de l’Académie, M. Thévenin, notre digne ami, te fera sûrement plaisir, et je te l’envoie :

« Voulez-vous avoir la bonté, mon cher ami, de parler à M. Ingres du grand plaisir que ses ouvrages m’ont fait ? Son tableau de Philippe V prouve combien le sentiment du beau lui est naturel. Il a su parfaitement conserver dans cet ouvrage toute la vérité du costume, des convenances, des airs de tête du temps, et relever ces qualités par un caractère et une exécution tout à fait historiques. Ses deux autres tableaux sont d’une forme et d’une simplicité de tons que le vulgaire même des artistes ne peut apprécier. J’ai la vanité de croire que je sais lui rendre justice, et je m’estimerais heureux s’il m’accordait assez de confiance et d’amitié pour trouver dans mon opinion un dédommagement à quelques critiques qui ne devraient pas le toucher. »

Enfin, je suis à terminer un tableau, grand comme nature, pour l’église de la Trinité du Mont,