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réclame. Vous quittez la France, pour six ans… Adieu, vous qui possédez les rares qualités si dédaignées aujourd’hui et qui font de vous un étranger dans votre patrie. Adieu, cher et digne ami, dont les talents supérieurs ne peuvent pas plus être compris que les qualités et les vertus qui vous distinguent à mes yeux. Allez, comme Poussin, vous consoler, sous le ciel de l’Italie, des dégoûts que les Vouet de l’époque ne vous ont pas épargnés. Mes vœux accompagnent le couple modèle d’amitié conjugale ». — Voici l’habile Armand Cambon, aussi aisé à tresser sur la tête du vieux Ingres une couronne d’or, avec la collaboration financière de ses compatriotes montalbanais, qu’à brosser pour le compte de sa propre gloire artistique, une de ces peintures plus colorées peut-être que n’en permettait son maître et qui trouvent honorablement leur place dans ce même Musée qu’Ingres doit surtout à son reconnaissant élève : «… Je suis heureux de saisir l’occasion de votre Exposition artistique, écrit Ingres à M. Prax-Paris, maire de Montauban, le 29 mai 1862, pour vous prier de vouloir bien me seconder dans le désir que j’éprouve de témoigner nos remerciements à M. Cambon [1] pour tous les

  1. Cambon (Henri-Joseph-Armand) était né à Montauban, le 22 février 1819, chez un notaire de cette ville. Après ses études de droit, il fut conduit par son père à Paris et présenté, en 1843 » à son parent Ingres dont il fréquenta l’atelier, sans abandonner ceux de Delaroche et de Picot, dont il était l’élève. « Comme tous les artistes exceptionnellement doués, Omb « » n était paresseux, dit son biographe Pierre Lespinasse au Bulletin Archéologique de Tarn-et-Garonne (ann. 1908, 1er  trim.). Aussi bien échoua-t-il au concours pour le Prix de Rome. De 1846 à 1884, il exposa ses œuvres à presque tous les Salons de Peinture, excepté en 1847, ou son envoi fut refusé, malgré les éloges qu’en avait écrits prématurément Delécluze aux Débats. L’année suivante, il concourut pour une composition de la République. Sur les 400 esquisses présentées, 20 furent retenues et celle de Cambon fut du nombre ; mais les modifications qu’il apporta à l’exécution du carton définitif ne le firent