Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/497

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 485 —

Les draperies doublées de couleur différente font un bel effet ; la preuve en existe dans les ouvrages de la Renaissance, et c’est chose à mettre en pratique.


Pour bien colorier une belle femme blanche, il faut bannir de la palette les tons roux et ébaucher bien gris argentin, rose clair. (D’après une Vénus du Titien).


Critique de mon tableau de la Chapelle Sixtine. Plus d’indécision dans les teintes, plus de souplesse dans les tons. Les caudataires plus en désordre, dans leur pose trop étudiée. Les ors plus clairs dans l’ombre et plus doux. En général, moins de symétrie.


Le tableau de Jupiter et Thétis doit être éclairé, ou d’en haut, ou en dessous… Il faut faire le plus tôt possible le tableau de ce roi de France qui porte le cercueil du roi, son père, à Saint-Denis.


En parcourant Montfaucon, je me suis convaincu que l’ancienne histoire de France, du temps de saint Louis et autres, serait une mine nouvelle à exploiter ; que les costumes en sont très beaux et que quelques-uns se rapprochent des choses grecques ; que ceux mêmes qui paraissent bizarres ne le sont peut-être qu’à cause du peu d’art avec lequel ils nous ont été transmis ; mais que les belles têtes, les beaux corps, les belles attitudes, les beaux gestes sont de tout temps. Un peintre d’histoire qui s’emparerait de ce siècle, en pourrait tirer un bien grand parti, aussi beau que possible au point de vue de l’art, et bien plus intéressant pour les contemporains à qui, tout beaux qu’ils soient, Achille et Agamemnon tiennent moins à cœur que saint Louis, Philippe de Valois, Louis le Jeune et tant d’autres. Il faut aussi avouer que l’amour de la religion, qui animait ces vieux temps guerriers, donnait aux tableaux un air mystique.