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cela j’irai à Florence, bien voir ce pays et toute la Toscane et le reste de l’Italie, et rentrer en France.

Voilà une bonne occasion, mon cher ami, de nous retrouver. Et dans quel beau pays ! Combien il me serait doux de te revoir ! Ce voyage manque à tes talents, à ton instruction, à notre amitié. Oui, mon ami, je t’en conjure, ne rejette pas mes vœux ; nous vivrons ensemble, trop heureux de trouver cette occasion de m’acquitter en partie de ce que tu as si généreusement fait pour moi, lorsque le malheur pesait sur moi. Nous ne sommes pas opulents, il s’en faut, mais le bon pot-au-feu et un bon plat t’attendent ; et il faut que tu viennes et que tu acceptes ce que nous t’offrons du meilleur de notre cœur, sans cela tu seras cause que je ne saurai jamais entièrement quitter l’Italie.

Pense aussi au plaisir de retrouver Bartolini à Florence. Aussi paresseux l’un que l’autre, nous nous sommes perdus aussi très longtemps de vue. Mais il est toujours le même, pour toi et pour moi. Il m’a donné une grande preuve d’amitié dernièrement. J’en réserve le détail à ma prochaine lettre. Tu sauras qu’il est très heureux à Florence ; il a une grande vogue pour les portraits en marbre. Tous les étrangers se font pourtraicturer par lui. Il a toujours le plus beau talent et est le premier, de l’aveu de tous. Je le parlerai aussi de mes progrès et de mes ouvrages, en attendant que tu voies par toi-même.