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notre cher Gilibert. M. de Monbrison, qui vient d’acquérir la tête brune de mon Condottiere, s’empresse de vous la prêter et vous la portera lui-même. Je ne peux vous dire quel homme aimable est M. de Monbrison et combien il m’est dévoué. Je vous prie de voir de ma part Mme Montet pour la remercier et, s’il le faut, de refaire le cadre du portrait qui en a peut-être besoin.

Quant à ma venue à Montauban, vous ne pouvez savoir, même vous, le vif désir que j’en ai, ainsi que M me Ingres. Mais les difficultés inextricables se sont encore aggravées depuis tout ce dont il a été question, touchant la jeune personne. …Il n’est pas moins vrai que ma sœur… qui désole ma vie sur ce point… Je ne puis donc malheureusement revoir cette chère patrie, et le cœur m’en saigne de douleur et de regret.

Mais parlons aussi de vous, cher ami. La preuve que vous apporterez là avec toutes vos forces, votre beau portrait en tête et vos délicieux tableaux ensuite, sera une preuve indiscutable de votre beau talent, et enfin vos compatriotes feront cesser ce malheureux idiome que « nul n’est prophète dans son pays ».

Je vous voudrais bien ici, mon cher ami ; mais je ne vous cache pas que je serais bien fâché, et pour vous et pour moi, que vous n’assistiez pas, que vous ne soyez pas présent à cette fête vraiment montalbanaise et que vous vous dérobiez, puisque vous avez d’ailleurs tout fait, à la gloire et aux avantages qu’elle doit vous procurer. Si