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À M. Marcotte.

Meung, 20 août 1858.

… À propos de la musique, je rappelle à notre aimable Marie, et je la prie de vous dire, pour notre sympathique plaisir, certaine sonate du divin Mozart, no 3 en fa, qui, très bien dite par Delphine, fait le bonheur de ma petite existence à Meung. Nous ne pouvons nous en lasser. Puisse-t-elle vous rendre aussi heureux que nous deux ! À qui n’a pas le don du ciel de comprendre et d’aimer la musique qui, vous le savez* « n’incommodait pas Charles X », il manque un sens.

Notre habitation est charmante, honnête, confortable : beaux fruits du jardin, la paix ; excepté que le bruit de Paris, nous l’avons changé par le bruit des enfants. Mais il en faut toujours un peu ; autrement, cela serait trop monotone… Pour remplir tous les vides, je travaille quatre, cinq et quelquefois six heures par jour…

Ingres.

À M. X… Suède.

Nancy, 9 septembre 1858.

Il y a peu de temps que j’ai reçu votre lettre du 14 juillet, étant absent de Paris depuis plus de deux mois ; mais, quoique bien tardivement, je désire vous assurer de toute l’admiration que m’a causée votre bel ouvrage. Il est resté profondément gravé dans ma mémoire, et je ne puis assez vous féliciter du grand talent et du soin qu’il témoigne. Cette histoire de l’art suédois, liée à la noire, est du plus grand intérêt et de la plus belle exécution.

Avant vos laborieuses recherches, qui se doutait que la Suède rassemblât un si grand nombre de monuments de cette époque, dans les styles religieux et profane ? Certes, les autres pays ne me paraissent pas plus riches, et je vous félicite, Monsieur, de nous avoir fait con-