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que j’appelle la Source a eu un grand retentissement d’éloges. On dit que mes pinceaux n’ont pas plus de trente ans.

LXXVI
26 février 1856.

Je sors de mon silence, comme d’une léthargie. Il faut cependant te dire que ma léthargie a été, depuis le mois passé, assez éveillée par les soins que je donne avec la plus vive passion au dessin de mon tableau d’Homère que je fais moi-même, pour être gravé. Ce dessin est très grand ; c’est la même composition, mais augmentée de nouveaux personnages et de toutes les perfections dont je puis être capable. Je veux que cette composition soit l’œuvre de ma vie d’artiste, la plus belle et la plus capitale. Pour cela je t’assure, ma fillette, que j’en perds le sommeil et que j’en suis absorbé.

Plus je vieillis, plus le travail me devient un besoin. Ma santé est assez mauvaise pour ruavoir interdit de répondre à l’invitation que m’a faite Sa Majesté, d’aller passer huit jours au milieu du haut cérémonial de la Cour, et j’ai éprouvé du regret de ne pouvoir répondre à une si haute faveur....................