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Ma maison est parfaitement tenue et on n’y fait que ce que l’absente y faisait. Vous viendrez, j’espère, un jour, me voir. Ah ! que j’aurais désiré que notre ami eût pu venir me voir. Il est vrai que, dans ce moment, je n’habite qu’un très petit appartement ; mais plus tard je me logerai pour tout à fait, et il y aura toujours la chambre des amis. Au milieu de tous ces soins forcés par ma triste position, je suis tout seul sans elle. Ce triste tableau fait le malheur de tous mes instants et il me faut, je vous assure, bien du courage pour le surmonter.

Je vous remercie de vos bonnes offres. Mes excellents amis, dont je suis toujours entouré, ont fait et font pour moi ce que vous auriez fait à leur place.

Je vous remercie des raisins que vous m’avez envoyés. Je reconnais aussi, dans ce bon souvenir, les soins d’une bonne mère et la sollicitude honorable pour moi de votre famille, à laquelle je vous prie de présenter mes sentiments bien affectueux et bien attachés. Je n’ai plus revu depuis longtemps votre ami M. Mège ; j’en suis fâché et vous prie de le lui dire. Tout le monde parle du bon effet que produit notre tableau dans la sacristie de la cathédrale de Montauban. J’en suis tout heureux ; le voilà sauvé, j’espère, à jamais. Mais on m’a dit que, le matin, le soleil et la grande quantité de jour lui font un peu tort, et que les murs qui sont blancs doivent aussi amener des reflets. Voyez si, en bouchant, en atténuant le jour de quelques croisées, tout cela ne serait pas mieux.