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Je vous prie de vouloir bien m’excuser auprès de l’excellente madame Reiset et de votre charmante enfant. Et vous, mon cher et bien bon ami, que je ne puis essayer de remercier de toutes ses cordialités et procédés pour moi, n’ayant pas trop de ma vie entière pour vous exprimer par toute sorte de dévouement combien je vous suis attaché de cœur inaltérablement, vous voulez bien que je vous embrasse bien tendrement. (Op. cit.)


À Monsieur Lehmann,

6 septembre 1849.

Mon brave Lehmann, je vous donne tard des nouvelles de ma triste vie, depuis ce jour d’horrible mémoire, où je l’ai perdue, et sans retour perdue. Hélas ! tout seul, sans plus elle ! Mais cela est affreux, et je ne vois pas encore d’issue, pour sortir de mon désespoir de tous les moments. Il est vrai que vous, comme tous mes amis, êtes des anges de consolation, si la consolation en pareil cas est possible. Vous aurez fait comme eux, cher ami. Je vous connais ce cœur tendre pour votre maître, pour votre ami. Je vous remercie de l’élan de votre pitié et pour elle, — digne femme, dont tout le monde a salué et honoré les vertus ! — et pour moi. Vous devez la bien regretter, car elle vous aimait. Je suis donc tout seul, rentré chez moi, à la merci de l’avenir, triste pour moi bien triste ! Ce malheur à mon âge ! Obligé de me refaire un foyer, et sans elle !

Je vous reverrai avec plaisir, cher ami, vous réunir à mes autres enfants. Eh ! qui peut se flatter d’en avoir d’aussi dignes et d’aussi distingués que vous dans ce monde ? Vous vous grouperez donc autour de votre vieil ami, et, avec le temps, on me le dit, elle veut « me voir plus calme ». Ce sont ses derniers mots