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toujours avec mes justes larmes et regrets cruels à mon cœur, que je vous écris ces lignes. Tout renouvelle à chaque instant ma douleur, dans le plus profond de mon cœur : et mon état moral et ma santé en sont ébranlés.

J’ai essayé de m’éloigner de Paris. Un sentiment attractif me rappelle plus près de cette tombe où elle repose et où j’ai préparé d’avance ma place à côté d’elle, dans l’intervalle de ce peu de jours de ma triste vie si courte, à présent.

Mais je cesse de vous attrister. Courage, dans notre malheur !

Les soins des affaires dans ma position malheureuse m’occupent assez, pour me distraire. Je fais arranger mon atelier du n° 15, quai Voltaire, où je suis assez bien. Car, j’ai enfin une petite velléité de me remettre au travail, en terminant le plus tôt possible le tableau de Jésus au milieu des Docteurs. Quant à Dampierre, est-ce que je pourrai jamais aborder cette résidence, là où elle était, cette bonne compagne, à jamais séparée de moi ?


Août 1849.
À M. Reiset.

Mon cher et bien cher ami, aujourd’hui est un jour que je dois consacrer à la pleurer plus encore, un jour que je veux consacrer au plus tendre recueillement qui me rapproche encore plus d’elle, s’il est possible. Je vous prie donc de in excuser si je m’interdis le plaisir de me trouver, encore une fois de plus, parmi vous. Vous me comprendrez.