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restes, je quitte Paris pour qu’un peu de mouvement redonne un peu de vie à mon pauvre esprit et à mon corps. Je voulais aller en Angleterre, mais le choléra m’en empêche. J’irai à Nice où je vais retrouver mon ami, M. Mugenot. Je vous remercie de votre dévouement, cher ami. Restez tranquille, je n’ai besoin de rien autre que la possibilité de vivre dans un état plus calme que le désespoir dont je suis en proie dans ces premiers et cruels moments.

Vous, cher ami, continuez votre bel art, que vous illustrez déjà. Votre portrait est déjà une belle et bonne œuvre ; c’est le dire de tous les bons artistes. Courage !… À plus tard, quand je vous reverrai, Dieu veuille que je sois un peu plus calme dans les interminables regrets qui m’accompagneront jusqu’au tombeau.

Je remercie vos bons parents, monsieur votre père et tous ceux, — et ils sont nombreux, — qui prennent part à mon grand malheur. Mes chers compatriotes, je vous remercie de ce nouvel intérêt. Mais, quant à mes parents, faites, je vous prie, qu’ils ne viennent pas me troubler.

Tout à vous de cœur.
LXI
Ingres a Pauline Gilibert.
Paris, 18 octobre 1849.

Ma chère Pauline, mon enfant chéri ; cher Gilibert, ami le plus cher à mon cœur ; c’est