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conservé dans sa ville natale trois fidèles amis. Par rang d’âge et de date, nous aurons à les connaître, au cours de cette correspondance édifiante que nous entreprenons de publier aujourd’hui. Ils s’appelèrent Gilibert, Debia et Gambon ; et nous consacrerons à chacun l’hommage de reconnaissance que mérite leur amitié fidèle, quand nous arriverons aux événements qui provoquèrent leurs lettres et celles de leur illustre compatriote.

Le premier des trois, Jean-François Gilibert, né en 1784, nous l’avons déjà vu se lier d’amitié avec le petit Ingres, son aîné de quatre ans, sur les bancs de la petite école de leur quartier commun, où ils apprirent à lire. Puis, des études plus sérieuses les séparèrent, en raison de la différence notoire de leur fortune. Ils se retrouvèrent à Paris pendant qu’ils y préparaient, l’un son Prix de Rome, l’autre son Cours de Droit. Là, l’étudiant, grâce au peintre, connut de futurs maîtres qui allaient s’appeler Bartolini, Dupaty, Vernet, Granger et Gros même, pour qui Gilibert posa une des têtes, dans son tableau célèbre de la Bataille d’Aboukir. En sorte que lorsque, après quatre ans de séjour à Paris, ces deux amis inséparables se quittèrent pour gagner, l’un Rome et l’autre Montauban, l’avocat Gilibert, initié aux Beaux-Arts par de tels maîtres, se promit bien de faire autre chose que de la plaidoirie au cours des longs loisirs de son existence provinciale. La mort de la mère d’Ingres, survenant en 1817, provoqua entre les deux Montalbanais cette correspondance qui ne devait s’arrêter qu’à la mort de Gilibert, en 1850. Et c’est parce qu’elle nous semble à peu près inconnue et parce qu’Ingres y raconte les plus impressionnantes années de sa vie artistique, que nous la publions ici, comme le récit le plus autorisé de ce maître des maîtres dans l’art du dessin au XIX e siècle. Nous ne proposons donc pas, avec ce livre, des