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Et vous, mon cher, vous avez bien travaillé ; votre figure de Liberté est très bien, sagement exécutée et je ne doute pas de son bon effet. Je regrette cependant certains changements dans le caractère qui l’eût fait ressembler de près à votre esquisse. Quelques coups de pinceau et quelques heures feront l’affaire. Tout bien réfléchi dans votre intérêt, je vous engage à venir de suite à Paris, sans délai ni réflexion… Je crois vous en dire assez, le reste sera en causerie à votre arrivée. Cette idée me vient tard, à la vérité ; mais il est encore temps de l’exécuter. Dans trois jours, vous êtes ici et tout est bien.

Mon cher Gilibert !… hélas ! j’y pense, nous y pensons toujours… Amitié impuissante pour un si grand malheur. Voyez-le, je vous prie, mon ami, parlez-lui surtout de notre cœur pour lui. Je vais encore causer avec lui, et qu’il accueille toujours avec bonté les sincères expressions de son ami. Présentez, je vous prie, à M. votre père et à votre mère l’expression de notre souvenir et de nos vœux. Allons, vous reviendrez vers eux avant la fin de l’hiver. Je suis enchanté de la personne et du talent de votre digne ami. Conservez-le, sans doute, car il vous est très attaché et vous en donne les preuves ; ce que vous méritez bien, mon cher Cambon, car je partage aussi l’autre part d’intérêt et d’amitié à vous et à ce qui vous touche.

Je vous embrasse de tout cœur, ce que j’espère faire à Paris. Tout à vous de cœur.