m’en envoya le premier volume, (et j’eus, je crois l’impolitesse de ne l’en pas remercier ; c’est affreux !) Cependant je voudrais avoir l’ouvrage, en le lui payant, bien entendu. Arrange cela, sans le blesser, je t’en prie.
Faut-il donc que je me mette à la barre de notre amitié, pour obtenir pardon ? Or, donc, quitte à être condamné à la peine du talion, me voici devant toi : embrasse-moi, reconnais toujours ton vieux ami Ingrou qui t’aime, comme dans les jours (hélas ! trop lointains) de notre tendre jeunesse.
Hélas ! oui, comment se passe cette misérable vie ? Elle est cruellement dure à porter. Toujours contraint par les distractions rongeuses des détails, je ne fais jamais ce que je voudrais et mes mécomptes sont grands. J’ai à peine terminé Mme de Rothschild recommencée en mieux, et le portrait de M me Moitessier. Maudits portraits ! Ils m’empêchent toujours de marcher aux grandes choses f que je ne puis faire plus vite, tant un portrait est une chose difficile.
Mon tableau de Jésus avec les Docteurs est fort avancé. Je dois finir ma Vénus pour M. Benjamin Delessert, neveu ; des copies demi-nature de mon Virgile, pour Monseigneur le duc de Montpensier, ma Vierge à l’Hostie et d’autres brimborions de tableaux…