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en sommes par le cœur, tu peux faire à l’Eudamidas et dire, toi le premier : « Je pars et viens te voir chez toi. » Je crois que cela est tout simple, entre nous, et parfaitement convenu. Après tant de temps, c’est une fête, un grand bonheur pour le foyer de l’amitié, que revoir un ami. En voilà donc assez ; dis-nous le jour où tu te mets en route.

J’ai été content du petit tableau qu’enfin notre ami Cambon m’a montré. Je me réserve de t’en parler plus au long, de vive voix. Tu nous fourres toujours de bonnes choses. Ton dinde truffé a été trouvé parfait en tout, et salué de bons vœux pour toi : et de même ce vin blanc qu’Horace aurait chanté et qui me rappelle le fameux vin de Montefiascone, qui tua si voluptueusement cet évêque allemand.

Je ne vais, cette année, que quinze jours à Dampierre, où je fais travailler sur mes tableaux. Cette année est terriblement laborieuse pour moi. Dieu veuille que je n’aie pas de mécomptes, et que je puisse faire tout ce que je projette ! Faites vos paquets. Ma femme vous embrasse tous deux.


À Monsieur Gavé, maître des requêtes, directeur des Beaux-Arts au ministère de l’Intérieur
Paris, 7 mai 1846.

Monsieur le Directeur, lorsque j’ai pris la liberté de recommander M. Desgoffes à votre bienveillance, je savais combien cet artiste était digne d’être apprécié ; et les honorables encouragements que, par vos soins éclairés, il a déjà reçus de M. le Ministre sont une nouvelle preuve du talent distingué, j’oserais dire