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m’a t tendre et qui me feraient plaisir à faire, mais ils me sont défendus.

Voici, cependant, mes modestes compensations : toujours de bonne musique avec d’excellents artistes, et enfin une composition trouvée par un mal d’enfant de trois mois, au moins. Rien de pire, que l’eau qui dort. La comédie est intimaient plus difficile qui la tragédie. Aussi a-t-on bien fait de mettre Molière au pinacle, et je vais l’élever encore dans ma nouvelle édition d’Homère. Oui, je veux faire monter ses ouvrages encore plus haut. L’ami Cambon t’en parlera.

Quant à mon Age d’Or, voici le court programme que j’ai imaginé : Un tas de beaux paresseux ! J’ai pris, hardiment, l’âge d’or, comme les anciens poètes l’ont imaginé. Les hommes de cette génération n’ont point connu la vieillesse. Ils vivraient longtemps et toujours beaux. Donc, point de vieillards. Ils étaient bons, justes et s’aimaient. Ils n’avaient d’autre nourriture que les fruits de la terre et l’eau des fontaines, du lait et du nectar. Ils vécurent ainsi et moururent en s’endormant ; après, ils devinrent de bons génies qui avaient soin des hommes. À la vérité, Astrée les visitait souvent et leur enseignait à aimer la Justice et à la pratiquer. Et ils l’aimaient aussi, et Saturne dans le ciel contemplait leur bonheur.

Moi donc, pour mettre toutes ces bonnes gens en scène, il me fallait bien un petit brin d’action. Je l’ai trouvé dans un sentiment religieux. Ils sont tous réunis dans un préau élevé, sur lequel