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Ingres découvre, sous les apparences ordinaires d’un ouvrier de campagne, un admirable type d’Olympien, pour son tableau de Thétis aux pieds de Jupiter que possède le Musée d’Aix. Il le dessine, le peint, l’étudié, le contemple avec exaltation :

— Ah ! ben alors, fait modestement le brave modèle, puisque vous me trouvez si beau, moi, que diriez-vous donc de mon frère ? En voilà un !… Allez le voir, tous les matins, aux Tuileries où il est grenadier dans la garde impériale…

Ingres y court ; et on lui montre un grand patagon, dépourvu de mesure et de pittoresque aussi. Il se contenta du frère et en fit son dieu.


Ingres faisait prendre dans son atelier, par un commissionnaire, le portrait de Cherubini. L’homme tranquillement déroule la corde de son crochet, prend la chose sur le che valet, la pose, cale, couvre, sangle, enlève et emporte le tout, sans un mot pour le tableau. « Cet imbécile-là, remarquait Ingres, il n’a rien dit du tout ! »


L’auteur des Odalisques et des idéales figures de l’Allégorie et de la Mythologie, doublait, volontiers, tel cap de rue pour aller admirer, à quelque vitrine, la caricature du jour qu’y présentait Daumier.


    dant, gris uni, normand docile, qui servait aux revues ; on l’avait surnommé Coco, et c’est peut être le seul qui n’ait jamais fait quelqu’un de ces écarts dont l’assiette de l’impérial cavalier se trouvait irrémédiablement compromise ; Tauris, persan argenté, don d’Alexandre, au moment du Congrès d’Erfurt ; il avait fait toutes les campagnes du Nord, était entré à Moscou, avait fait partie de la cavalerie emmenée à l’île d’Elbe, en était revenu et avait porté son maître à Waterloo ; enfin, Roitelet, le plus fameux, parce qu’il était grand et galopait d’une allure magnifique.