Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 21 —

femme seule pouvait combler ce vide et réparer peut-être cette ruine avec le charme de son sourire et l’économie de sa sagesse ménagère. Et Magdeleine Chapelle vint, le 4 décembre 1813, unir son nom à celui d’Ingres pour lui rester fidèle, aimante et gaie, jusqu’au 27 juillet 1847 ou la mort seule la sépara de son époux et de son dieu.

Leurs modestes escabeaux de chevalet et de cuisine s’étaient donc joints pour le bonheur de vivre et de souffrir mieux à deux, dans cet humble atelier en deux corps de logis voisin de la Villa Medicis, dont l’ancien pensionnaire ne pouvait se résoudre de s’éloigner. — imitant ainsi l’exemple de Nicolas Poussin et de tant d’autres glorieux ancêtres de la grande maison où ils avaient vécu un temps et où ils auraient voulu mourir. Mme Ingres jeune était, depuis quelques mois à peine, la ménagère avisée du logis de l’artiste, quand la bonne maman Mme Moulet annonça sa visite. La pauvre veuve de Joseph Ingres, mort cette année même 1814, était si seule à Montauban ! Et ce fils, qui lui ressemblait tant par le caractère d’indéconcertable courage et d’infrangible honnêteté, et même par les traits du visage où la hauteur de la lèvre supérieure donnait un tel écartement au nez et une telle sévérité à la physionomie entière que la familiarité ne s’exprima jamais sur cette face,

    terminait pour son royal Mécène. Il est, depuis, passé au Musée du Louvre où on peut le voir, aujourd’hui, à côté de la Baigneuse qui fut peinte à Rome en 1808 pour n’être exposée à Paris qu’en 1855. il n’est pas même jusqu’aux dessins qu’Ingres dut faire pour ces divers tableaux, qui ne fussent perdus. Seuls, ceux qu’il fit vers 1810 pour l’introuvable Dormeuse de Naples, que lui avait achetée Murât, furent utilisés par l’artiste, en 1831), pour l’Odalisque à l’esclave dont les études sont conservées au Musée de Montauban, avec une demi-figure de la reine Caroline et un portrait en pied du jeune Murât, son fils. — Qu’est devenue cette Dormeuse de Naples, entr’autres tableaux peints par Ingres pour la Cour du roi Murât ?