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mais plutôt ne m’occuper que de l’histoire qui nie tend les plus beaux bras, pour les plus beaux travaux. Quant à l’Académie, mon cher ami, vous êtes en pleines voiles, et j’espère qu’il en sera toujours ainsi jusqu’à la fin de votre gestion. Au reste, elle fait bien, elle fait mal, je ne suis pas toujours de leur avis ; mais n’ayant que ma voix, je me résigne et n’y prends cependant que le plus vif intérêt à tout ce que vous désirez, et qui est toujours bien présenté par votre ami Raoul Rochette, qui a une grande influence et qui la mérite bien par son zèle et sa haute intelligence, et l’on peut dire que c’est lui qui en est toute rame.

Adieu, ou au revoir, cher ami, car le temps va vite. Dieu vous garde de la fièvre ; travaillez surtout, ce baume chasse l’ennui et rend heureux. Ma femme et moi nous vous embrassons de tout notre cœur. Tout à vous. (Fonds Lapauze).

Ingres.
XXXIX
Ingres a Gilibert.
Paris, 2 octobre 1841.

Il est de ces choses inqualifiables, détestables, que j’abhorre moi-même. Enfin, j’ai un continuel remords de ma faute, de ma paresse à écrire. Je m’y engouffre, tous les jours davantage. Oh ! mon cher ami, mon ami d’enfance, est-ce toi que je devrais traiter ainsi ? Oh ! mon ami, trêve à toutes tes réflexions sur « notre singulière intimité » ; elle est réelle et bien sûre, malgré les tristes apparences que lui donne ma détestable paresse. Je me confesse, en cela seul, d’être le plus