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5 septembre.

… Vous dire tout le bonheur que nous a donné votre lettre, je ne puis qu’essayer de vous l’exprimer. Ma femme et moi, nous étions dans l’ivresse… Les éloges du prince, d’abord, et le feu de file de mes bons amis qui, tous, me félicitèrent de mon succès en si bons termes, les journaux qui paraissent liés d’idées avec mes amis, enfin la lettre de notre bon Asseline m’annonçant, avec son propre contentement, celui du prince qui veut lui-même me faire l’honneur de m’écrire [1], tout cela surpasse de si loin ce que je croyais pouvoir espérer de ce tableau, que je ne sais si je veille ou si je dors… Oui, mon ami, nous sommes heureux ; nous sommes heureux, comme des enfants, moi et ma bonne femme ; et votre nom se trouve plus que jamais béni, car tout ceci émane beaucoup de vous. (Op. cit.)

J. Ingres.

Le Duc d’Orléans à M. Ingres.
Saint-Cloud, 25 septembre 1840.

C’était faire injure à cette Stratonice si impatiemment attendue, si justement admirée, que de témoigner pour elle, Monsieur, une sollicitude qui ne peut être comprise par personne. Vera incessu patuit dea. Son apparition a désarmé la critique et conquis tous les suffrages. Je n’ai pas la prétention de joindre le mien à l’unanimité de ceux qu’a recueillis ce magnifique ouvrage, mais je n’ai pas voulu attendre jusqu’au moment où vous reviendrez jouir ici d’un succès aussi

  1. Après avoir reçu la lettre du duc d’Orléans qu’on va lire et que M. Henry Lapauze a extraite des Archives de l’Etat, Ingres écrivait encore à M. Gatteaux, le 17 décembre 1840 : « Oui, le duc d’Orléans m’a écrit de sa main une lettre dont je puis faire trophée et que vous connaîtrez. »