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jaune comme un coing. Il est, au surplus, en si bonnes mains que tout, je pense, aura été prévu. Enfin, et c’est bien naturel, jusqu’à votre lettre de réception je n’en dors plus, ma bonne femme n’en dort pas ; notre tête va, croit entendre ceci et cela. Le prince le verra-t-il le premier, avant sa toilette, à l’ouverture de la caisse ? Comment tout se sera-t-il passé ? etc., etc.

À propos, j’avais prévu ce qui est arrivé. C’est que, voulant un beau cadre avec les ornements indiqués, vous vous seriez concerté avec Baltard, excellent homme de talent et de goût, et qui a sa part de mérite pour le fond du tableau qu’il a eu la bonté de dessiner et dont il est comme le parrain. Je vous remercie donc tous deux, d’avoir rempli mon désir. Bien entendu, si le prince prend ce tableau, j’en payerai moi seul le cadre. J’écris à ce bon Baltard, à qui j’offre mille amitiés et remercîments… (Op. cit.)

J. Ingres.

oût 1840.

Mon cher Gatteaux, bien bon ami,

Au reçu de votre prompte lettre si attendue, du reste, ma femme est accourue émue me la lire ; et les termes dans lesquels vous exprimez si bien votre précieux contentement, sur mon ouvrage, ont distillé dans nos cœurs comme un baume salutaire. Cela nous a rendus tellement heureux que, tous deux, les yeux pleins de larmes d’attendrissement, nous nous sommes embrassés. Mais vous nous manquiez là, bien sensiblement … Je suis d’autant plus heureux de votre approbation, (la première que j’étais jaloux d’acquérir pour tant de raisons, parce que j’ai en vous, dans votre goût éclairé, dans la loyauté de votre caractère, une confiance sans bornes), je suis, dis-je, d’autant plus heureux, que je trouve que je n’ai jamais été loué par vous aussi copieusement, mon cher Aristarque…