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bite s’écroule avec moi et me donnent un spasme terrible. J’éprouve ces accès après des secousses morales, qui ne manquent pas. Le système nerveux est tellement troublé, que la moindre chose m’irrite et que l’air de Rome et ses changements atmosphériques font, de moi, le jouet le plus misérable.

Cependant la raison, ma position, l’honneur et le devoir de ne pas quitter et abandonner au port tous les travaux de mon Directorat en en perdant tous les fruits, (une de mes gloires), font que je suis encore pour vingt mois à Rome. Voilà beaucoup de raisons qui expliquent bien des pourquoi de ma carrière, depuis mon arrivée comme homme et comme peintre. Mes intérêts aussi pourraient en souffrir. Quoique je sois obligé, bien entendu, de dépenser le peu que me donne ma charge, je conserve et j’augmente néanmoins de quelques sous ma boule de neige, dont prend soin mon excellent ami M. Gatteaux, graveur en médailles, rue de Lille, 35.

Si Dieu me donnait la santé, je pourrais, encore, en ces quelques mois, ne pas arriver à Paris sans quelques tableaux ; entr’autres, une Vierge pour le prince royal de Russie, au prix de dix mille francs. Mais que de choses à te dire ! Pour cela, il faut ta présence à Rome. Viens-y donc avec ta fille chérie. Ne crains rien de ce climat, car, la première année, on y est invulnérable. Parfois même, on y trouve un air si sain qu’on y est toujours bien. C’est une occasion unique et