Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 280 —

qui vous instruira de tout ce qu’elles contiennent, et, vers le 4 octobre, je vous expédierai en dernière opération le sixième et dernier envoi où se trouveront alors les Loges de Raphaël. Mais, par grâce, pensez donc de les placer convenablement, ces Loges. M. Thiers a peut-être égaré mon projet écrit pour les placer dignement, et ce projet n’était cependant pas mal. Vous le rappelez-vous écrit ? Je regretterai toute ma vie cette occasion, rare peut-être, où, parlant raison, personne ne vous écoute, pas plus que Cassandre avec ses Troyens.

Je me suis mêlé, mon bien cher, moi aussi, de taire un projet pour le tombeau de Napoléon, dont il ne sera encore rien fait, et cependant il n’est peut-être pas plus bête qu’un autre. Ce que j’ai eu surtout le soin de bien arrêter, c’est d’associer à un homme tel que Duban, M. [déchiré]. Tout cela est du bavardage. Ce qui est la réalité pour moi, c’est mon pauvre tableau à qui, en tremblant, j’ai donné la volée. Je serais bien heureux que, malgré ses imperfections, il pût malgré cela plaire assez aux bons esprits, rares, oui, mais que j’ai le bonheur de trouver dans tous nos amis amants d’un certain beau que je me suis efforcé d’exprimer.

Adieu donc, mon digne et excellent ami. J’aime mieux vous dire : à revoir à Rome, que je quitte d’ici à cinq mois, le 28 décembre 1840. Vous voyez qu’il y a encore le temps de nous voir ; c’est le plus cher de nos vœux, à moi et à ma bonne femme à laquelle vous ferez un sensible plaisir, et qui vous présente toutes ses amitiés.

Et moi, mon bien cher, je vous embrasse de tout mon cœur avec l’expression de ma constante et vive amitié. Votre sincère ami,

J. Ingres.

(Fonds Paul Bonnefon).