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t-on jusqu’à ce qu’on leur ait trouvé leur véritable destination monumentale ? Ce ne sont point des tableaux à voir, comme un bijou de peinture ; elle est de décoration. Donc j’ai toujours désiré qu’on les vit placés respectivement à la hauteur de 19 à 20 et 25 pieds, comme les originaux, et collectivement d’ensemble.

Faut-il refaire et vous envoyer la statue de Ménandre ?

Vous êtes instruit à présent de l’indécent retard de toutes mes opérations d’art près cette cour dominée, dans l’administration, par de méchantes et ignorantes médiocrités. Mais enfin mes jeunes élèves sont en position de copier les Stanze ; ils prennent leurs mesures, tont leurs dessins préparatoires dans le temps que l’on fait les chevalets machinés pour exécuter. L’un des frères Balze est actuellement à Paris, où il a dû aller pour sa conscription ; et, par bonheur, grâce aux soins de l’ami Gatteaux, il vient d’être réformé. Je vais lui dire de se présenter à vous ; ils sont comme mes enfants, et ils méritent en tout de l’être.

La lutte des directeurs doit être dans sa vive action, dans ce moment. Je fais des vœux pour Alaux, puisqu’il y tient tant ; mais il a, je crois, en M. Delaroche un puissant compétiteur.

Nous voici aux envois de l’École. En fait de malheur d’arrivage, je puis vous assurer, mon cher, que d’abord les plâtres ne s’encaissent que parfaitement secs ; qu’ils sont emballés tous avec le plus grand soin ; et que, malgré les soins nouveaux que je puisse prendre d’après vos avis, je mets tous les malheurs sur la tête de ceux qui embarquent et débarquent. Ces malheureux ne font aucune attention aux choses que leur incurie cause dans le maniement de ces caisses, et le moindre coup en faux doit nécessairement fendre les plâtres. Je n’ai écrit dernièrement, ni cette fois, pour ce cinquième envoi à l’École ; ce qui est, je crois, à peu près égal, du moment que