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crois, dans le temps et je dirai aussi quelques distractions : celle-ci, par exemple, de venir nous voir à Rome. Vous savez que ç’a toujours été notre plus grand désir, que votre chambre et tous nos soins donnés ne vous y manqueront pas. Pensez-y peu, mon cher ami, mais arrêtez de suite votre place et, dans huit jours, vous êtes parmi nous. Allons, allons, faites ainsi et ensuite toutes les affaires se font après. J’y suis d’abord intéressé, vous le croyez bien, de cœur, mais encore par le désir que j’ai toujours eu que vous connaissiez, et par moi, le bel et noble établissement auquel, (excusez ma coquetterie), je n’ai point fait de mal, il s’en faut, depuis ma direction. Et, en ceci, je n’oublierai de ma vie la part essentielle et affectueuse que vous y avez prise, sous plus d’un rapport. Ainsi, comme vous me l’annonciez dans votre dernière qui m’a été remise par cet excellent M. Lequeux, vous voulez nous surprendre. Eh ! bien, il est toujours temps, ami !

J’aurai toujours le regret de n’avoir pu faire que des vœux pour votre arrivée à l’Académie, puisque vous y avez trouvé du bonheur. Et, certes, ce jour-là l’Académie a bien fait. Mais le sentiment de ce regret est moins vif, depuis que je ne fais moralement plus partie de ce corps ingrat et méchant qui m’a frappé au cœur.

Vous devez avoir, aujourd’hui, sous les yeux mon tableau d’Antiochus. Je ne puis vous dire autre chose d’ailleurs que, quoiqu’il m’ait bien fait enrager, je serais heureux qu’il vous fît quelque plaisir. Tout n’est pas perdu pour Pradier, à qui je vais écrire pour le consoler de mon mieux, en lui faisant part des possibilités de pouvoir faire sa gravure.

Les tableaux des Loges sont, depuis longtemps, à votre disposition. Dites-moi si je dois les envoyer sous leurs châssis ou bien sans. J’ai toujours désiré les envoyer en même temps que mon retour, car qu’en fera-