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est offert sincèrement de cœur. — Que de ravages, de soustractions, a fait le temps depuis deux ans, en commençant par le bon Mérimée ! Sa pauvre veuve, nous n’en avons aucunes nouvelles. Veuillez bien nous rappeler à son bon souvenir.

Et mon pauvre petit projet ne servira donc à rien ? J’en suis fâché, je le crois bon, j’en ai la conviction. L’avez-vous lu ? Enfin, je ne suis pas satisfait sur le papier au moins, et j’aurai la satisfaction de voir figurer l’œuvre de Michel-Ange bien placée. Je vous ai. dans le temps, annoncé cette copie comme très remarquable, je n’en rétracte rien ; vous en jug-ez, d’ailleurs, vous-même peut-être dans ce moment-ci, et je ne doute pas que vous ne rendiez cette même justice à son auteur, Sigalon. Cette belle œuvre doit être bien coriace pour certains esprits relâchés. Puisse-t-elle être le véritable fléau qui assomme, et détruire enfin le mauvais goût dans notre belle patrie, digne de recevoir la belle impression des arts et y être supérieure comme toujours ! Et puisse-t-elle, la patrie, être délivrée une fois des assassins qui souillent et arrêtent son bonheur et sa gloire ! Que Dieu sauve toujours le Roi, et par conséquent la France !

Je remercie le Ministre des moyens qu’il me donne, en augmentant de deux mille francs le prix des copies des Loges. Je vous prie donc, cher ami, de faire remettre à notre ami Gatteaux les dix mille francs qu’il vient de m’accorder, comme dernier acompte. J’ai déjà 17 tableaux de faits, auxquels j’ai donné les soins les plus tendres. Ils sont faits avec toute la conscience du fac simile, avec autant de soin que l’humanité le peut faire.

À propos, il m’est arrivé ces jours derniers un pensionnaire marié qui, à ce qu’il paraît, n’a jamais bien su, quoique averti, sa véritable position à Rome. Mais puisque ces messieurs veulent ignorer la loi qui les concerne, faites, je vous prie, cher ami, qu’ils en soient