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donné de la gravure ; si incertain, d’ailleurs, moi-même sur l’original que je travaille depuis une année à Rome et qui n’est pas encore terminé, à beaucoup près. Si ce tableau me fait enrager, Dieu le sait ! mais, malgré ce, tous ceux qui le voyent m’engagent et me pressent à le terminer, le regardant comme bien digne de tout ce que je puis taire. Ainsi donc, tout désespéré que je sois pour mon pauvre ami Pradier et pas plus heureux que lui sous ce rapport, je ne puis toujours que lui offrir le droit de graver cet ouvrage, avec le droit de profiter d’ailleurs de ce qui est déjà fait sur le petit et que je compléterai dans ce qui est le fond, sitôt le grand fini. Voilà tout ce que je puis dire et faire, car à l’impossible nul n’est tenu.

Excusez-moi de vous entretenir si longtemps de mes affaires, qu’il ne me reste que trop peu de temps et de place pour vous assurer de nouveau, excellent ami, combien je suis heureux de devoir à votre amitié tant de bonne sollicitude pour moi et pour tout ce qui nous touche ici, aimant à penser et à dire tout ce que je dois à d’un si bon ami que j’embrasse de tout mon cœur.

Votre tout dévoué,
J. Ingres.

Moi et ma femme vous prions de faire agréer à Madame l’expression sincère de notre attachement et combien nous nous trouverons heureux, un jour, de nous voir près de vous. Mais pour tant d’affaires et pour en finir, de l’argent, de l’argent. (Fonds Paul Bonnefon).


À M. Gatteaux.

Rome, 5 décembre 1838.

… Vous saurez qu’à mon arrivée à Paris, en 1824, la sollicitude de l’excellent M. Coutan me força de recevoir d’avance 3.000 francs, acompte sur des tableaux qu’il désirait de moi. Je ne lui en ai jamais fait qu’un,