Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 258 —

moi, nous vous embrassons de tout notre cœur. Mille vœux et hommages à votre bonne et digne mère. Soyez heureux.

(Fonds Delaborde).
Votre ami dévoué,
Ingres.

Rome, 10… machin, 1836.

… Vous me parlez de réputation à continuer à l’avenir dans des élèves et, aujourd’hui, dans les pensionnaires soumis à ma direction.

Quant aux premiers, il y a longtemps que j’en suis justement dégoûté. Imbécile que j’ai été ! Je me suis dépouillé de mon talent, pour les en revêtir ; j’y ai peut-être perdu une partie de ma santé, et, pour quelques bons, (comme les hommes, d’ailleurs, supportent les bienfaits et la reconnaissance), j’ai fait d’horribles ingrats. Quant aux seconds, je fais ici le bien par conscience et par état, mais nullement par inclination … Soyez tranquille cependant. L’habitude de bien parler de mon art, mes principes sûrs, mes doctrines sévères, amèneront naturellement le bien que vous attendez de moi. Soyez content : je crois être assez bien compris, assez bien secondé, et cela sans le moindre effort.

… Je ne vous parle presque jamais de nos Expositions de pensionnaires, parce que je veux toujours vous laisser libre quand vous verrez les ouvrages à Paris. Je puis vous dire cependant que mon Flandrin s’est surpassé et que c’est véritablement un jeune maître qui vous arrive. Son beau talent et les qualités si honorables de ce digne jeune homme me le font chérir, comme un ami.

… À propos de Flandrin, je vous remercie des soins que vous avez eus de ce jeune noble artiste.