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ces chefs-d’œuvre à Rome. Dites-lui que c’est moi qui vous envoie à M. Armand Bertin, rédacteur en chef. Je prie Raymond de passer à mon atelier d’en bas et de voir s’il n’y a pas un petit portefeuille de dessins, — vues d’Italie. On le remettrait bien enveloppé à M. le Comte qui doit venir, vendredi.

Au revoir, mes bons et chers enfants. Je vous aimais bien, mais je vous aime encore davantage, depuis hier. Tout à vous, de tout mon cœur.

(Fonds Delaborde).
Ingres.

Rome, ce 10 mai 1836.

Bien bon ami, ne devrais-je pas me fâcher que vous ayez pu douter un instant du plaisir que j’éprouvais de vous voir faire partie de l’Institut et que je ne vous y appelle de tous mes vœux ? Et si j’ai un regret c’est que vous n’en soyez pas depuis longtemps et que mes amis aient devancé en quelque sorte mon si juste assentiment.

Je vous remercie du trop d’honneur que vous attachez à mon suffrage ; il n’est pour moi qu’une simple justice rendue à votre honorable caractère et à votre mérite éclairé sur les arts que si peu comprennent bien, même (entre nous) à l’Académie. Et j’aurais tant à dire sur l’avantage d’une telle admission aussi favorable à l’art par vos saines doctrines qu’aux artistes qui les professent. Vous êtes le digne délégué d’une administration dont [vous] êtes véritablement l’âme et le sens le plus parfait, artiste vous-même et d’une éducation autrement grave que celle qui n’a produit, chez la plupart, qu’un peu de joli paysage. Il est donc, et dans ma plus sincère conviction, heureux pour l’Institut de vous y admettre vous et notre ami Gatteaux au plus vite, si cela se peut, sans tuer personne cependant ; et ce sera alors deux choses bien faites, ce qui malheureusement n’arrive pas assez souvent. Ainsi donc, cher ami, profitez et avec