Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 236 —

j’ai besoin plus que jamais, heureux lorsqu’ils partent de l’amitié. Je vous remercie de tous vos bons offices déjà rendus et je dois être content de ce que le ministre a fait pour le Louis XIII ; si par la suite on peut faire encore quelque chose, tant mieux. Que la beauté de l’ouvrage surtout fasse le reste. Je ne puis douter de la part que que vous avez dans l’affaire des pensionnaires. La lettre que vient de m’adresser l’Académie par M. de Quatremère me fait espérer que nous réussirons. J’ai fait de mon mieux pour en finir enfin ; mais la signature tarde bien et je l’attends avec une grande anxiété. La désorganisation du ministère nous donnait beaucoup d’inquiétude pour le pays et nos affaires ; j’espère et fais vœux pour qu’ils ne touchent en rien à votre personne et que vous soyez toujours là, puisque votre philosophie s’en contente, pour notre bonheur et comme notre bon ange.

Quand à ma situation ici vous la connaissez ; je désire pour mon bonheur qu’elle soit toujours ainsi, pour toutes choses. Mon prédécesseur avec qui au reste je me suis parfaitement quitté, m’aurait seulement un peu alarmé sur quelques embarras financiers qui l’auraient, dit-il, fort gêné dans l’exercice de sa gestion et dont sa dernière lettre au ministre se plaint. Vous devez en avoir connaissance, et comment j’ai entendu la chose.

Je suppose, par une grossière comparaison, que vingt sols soient accordés par jour à l’existence d’un individu et qu’on vienne lui dire : « Sur cette somme vous payerez cinq sols ici, trois sols là, quatre de ce côté, et cependant vous vivrez et vous vous arrangerez, par vos économies, à couvrir ces dépenses étrangères, etc. ». Je désirerais donc, s’il m’est permis de former un vœu avec vous, cher ami, et dans mon intérêt que (si cela est ainsi) la chose n’allât pas ainsi pour moi, et que toutes dépenses étrangères aux arts dont je pourrais être chargé par le ministre, fissent un compte à part et bien séparé du budget des dépenses spéciales à l’Académie.