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ce tableau fasse partie de la prochaine Exposition, qui commencera au i ei mars i834-

Votre Excellence a eu tant de patience que je suis vraiment chagrin de vous annoncer ce nouveau retard. J’espère, Monseigneur, que vous voudrez bien me continuer vos bontés, ce dernier événement étant tout à fait hors de mon pouvoir et de ma prévision.

Je suis, avec le plus profond respect, Monseigneur, de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur.

J. Ingres,
Membre de l’Institut.

Paris, le 22 avril 1834
Monseigneur,

Je vous prie de m’excuser si je n’ai pas répondu plus tôt à votre honorable lettre. J’étais en voyage, et, au retour, mille soins m’en ont empêché, quoique jamais mon zèle à servir vos désirs ne s’en soit ralenti. J’ai enfin terminé votre tableau avec tout le soin dont je puis être capable. Exposé, et bien malgré moi, à la critique d’un public fort mêlé et qui a peu de sympathie pour le beau, le grave et tout ce qui est sérieux et respectable, j’ai dû essuyer les traits de l’envie, de la cabale, de l’ignorance et de la mauvaise foi. Mais heureusement que j’ai été bien vengé par un bon nombre de bons esprits qui se sont hautement prononcés en ma faveur ; et iorce, comme on dit aujourd’hui, est restée aux doctrines et aux grands principes d’un art que j’exerce depuis longtemps.

Il serait absurde de penser qu’un ouvrage éminemment religieux dût figurer dans un musée profane et sans but moral ; et je dois vous assurer, Monseigneur, de la joie que j’envie de voir mon travail orner la vénérable église dont vous êtes le si digne pasteur, et je combattrai de toutes mes forces tout ce qui pourrait empêcher ou retarder l’envoi de ce tableau à sa légitime destination.

Je remercie Monseigneur de l’invitation qu’il veut