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À Mgr de Margerye, évêque d’Autun.

Paris, 20 avril 1831.
Monseigneur,

Mes nombreuses occupations, comme membre du jury d’admission à la prochaine Exposition, comme professeur à l’École et tant d’autres soins dont je suis, j’ose dire, accablé, ont pu retarder la fin de mon tableau, mais elles ne peuvent ôter de mon cœur l’obligation que j’ai à l’extrême complaisance avec laquelle vous m’avez attendu. J’espère n’en pas abuser longtemps encore, malgré que, pour surcroît de retard, j’aie pris pour maxime celle de notre grand poète législateur : « Vingt fois sur le métier, etc. ». Il sera fini pour être exposé à la fin du grand Salon. C’était le cas de mettre en pratique cette maxime, qui est ordinairement ma devise, puisqu’il s’agissait de faire un ouvrage digne de vous, Monseigneur, et de votre respectable prédécesseur, et que c’était la seule manière dont je pusse reconnaître la bienveillance que vous portez à mon ouvrage à moi.

Quant à l’argent, c’est avec le Ministre que j’ai toujours traité ; ainsi, je continuerai. C’est un soin que je puis vous épargner.

Je suis avec respect, Monseigneur, voire très humble et reconnaissant serviteur.

Ingres.

Paris, le 11 juin 1833.
Monseigneur,

Des contre temps, des travaux obligés, une assez grave indisposition m’ont forcé d’interrompre pendant quelque temps et à plusieurs reprises mon ouvrage chéri, celui que je fais pour Votre Excellence. Maintenant que la saison est favorable, j’espère qu’il sera terminé dans deux mois. Mais alors, Monseigneur, je ne serai pas maître de satisfaire votre désir, car le Ministre veut que