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notre chaîne se resserre de plus en plus et le supplice recommence.

Adonc, mon bien cher, réalise, puisque le malheur t’en donne l’occasion, ce projet désiré de nous rapprocher. C’est un désir d’égoïste, je le sens, puisque tu laisserais les amis que tu as à Montauban. Mais comment y vivras-tu heureux ? Tu peux, je le sais, me faire beaucoup d’objections sur ce point inattendu. Elles peuvent avoir quelque valeur, c’est possible. Mais crois-tu que nous ne soignerions pas la chère enfant qui deviendrait notre chérie, par les soins tendres de ma femme ? Et, toi à Paris et un peu à Montauban, est-ce que cela ne peut s’arranger ? Je ne presse rien : il faut de la discrétion, même avec ses amis. Viens au plus vite en causer avec tes amis. Distrais-toi un peu. Nous parlerons de tes regrets, de tout ce qui te touche, avec le sentiment de notre vive amitié. Au moins pour quelque temps, pour quelques jours, viens, cher ami, au milieu de nous, y pleurer même. Ma bonne femme, tu le sais, partage si bien notre amitié, qu’elle n’y sera jamais de trop. Je me mets tellement à ta place, que j’en éprouve une mortelle affliction. Nous vivons dans une si grande anxiété sur toi, que je te renouvelle ma prière de nous écrire. Quatre lignes suffiront même.


Malgré leurs dates différentes, nous faisons suivre ici les lettres qu’Ingres écrivit à Mgr l’Évêque d’Autun, à propos de son tableau du Martyre de saint Symphorien, commandé pour la Cathédrale de cette ville. M. Henry Lapauze les a extraites des archives de cet évêché.