Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 225 —

dangers bien plus grands, dans une petite ville où tous se connaissent. Enfin on respire. Votre petit trésor se porte bien et vous donne un bonheur de père et de mère, nous nous en doutons bien. Je le parlerai plus tard de moi. Sois tranquille, je suis toujours Ingres aussi, du côté du pinceau, dette lettre n’est que le préambule de la très prochaine.

Ecris nous, cher ami, de suite, ce qui se passe. Le drapeau doit flotter, j’espère. Mille choses à tous nos amis. Je t’embrasse.

XXXIII
Paris, 15 mars 1831.

C’est toujours ainsi que, lorsque tu as tant de sujets d’accuser l’amitié, tu redoubles de sollicitude tendre, de doux et de trop doux reproches. Ah ! que ce panier m’a fait rougir et a augmenté mes torts ! Mes Furies se sont éveillées de plus belle. Armées de plumes et de feuilles de papier, elles m’appellent misérable, ingrat et paresseux. Alors, moi, rougissant jusqu’au blanc des yeux et malheureux comme les pierres, j’assiste à leur combat avec l’apathie, la paresse, les soins journaliers, la triste mais inévitable politique, le désenchantement sur presque tout, excepté sur toi cher ami. Enfin, la victoire leur étant restée, je t’écris aujourd’hui que, moi et ma bonne femme, nous sommes tes amis les plus tendres. Ton portrait en est témoin. C’est à lui que nous confions