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XXXI
Ingres à Gilibert.
Paris, ce 1er janvier 1830.

Sois heureux au gré de tes justes désirs, toi et ta bien aimable femme, les tiens et tous ceux que tu aimes. Nous sommes heureux de penser que nous formons peut-être la meilleure part de vos affections, si j’en juge par les miennes. Il y a tant de bonnes raisons, pour que cela soit ainsi ; mêmes goûts, même philosophie composent ce bonheur. Ainsi, que Dieu nous donne la santé ! Tout le reste est à nous. Usons-en bien, le champ de la vie peut encore être assez long pour nous et semé de fleurs.

Ta chère femme, comment va-t-elle ? Il nous semble que l’heureux moment où tu vas sentir s’émouvoir tes entrailles de père, ne doit pas être si éloigné ? Tout se passera bien : nous le désirons et n’en doutons pas. Ne tarde pas à nous donner de bonnes nouvelles, trop rares depuis longtemps.

Pour moi, paresseux je suis né, et paresseux je mourrai : je le vois trop. Mais toujours pressé par le cœur qui parle chez moi sans cesse, me voilà parti : heureux, par conséquent, de pouvoir t’exprimer ma vive amitié et t’apprendre que ton bon ami est, par le décès de M. Regnault, professeur à l’École des Beaux-Arts, avec cent louis de plus. Il est impossible d’arriver avec plus d’hon-