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XXIX
À Prosper Deria.Paris, 5 février 1830.
Paris, 5 février 1830.

Cher ami, nous sommes bien affligés de la triste nouvelle que vous nous apprenez. Nous l’avons sue toujours assez tôt, quoique M. de G… nous ait remis votre lettre, plusieurs jours après son arrivée. Mon pauvre Gilibert ! il doit bien souffrir : perdre une mère, comme la sienne, et si bonne ! Il en était idolâtre et bien justement. Heureusement pour lui, que vous êtes là ; entouré des consolations de l’amitié et d’une femme comme la sienne, je suis plus tranquille sur son état dans des moments où les consolations ne sont qu’un échange d’afflictions et où il faut laisser la douleur a la douleur. À combien de pertes j’ai assisté, cette année ! La mort moissonne terriblement autour de nous, le ciel est en courroux. La méchanceté des hommes en est-elle une conséquence ? Tout ce que je sais, c’est que nous vivons d’une manière bien fragile et que l’excessive rigueur du climat complète et noircit tout. Ce que vous me dites, cher ami, de vos charités ne m’étonne pas, connaissant votre excellent cœur ; vous êtes comme des anges consolateurs et réparateurs. Mon beau et cher pays que j’aime tant, comme il m’est triste de le savoir si malheureux. Je fais des vœux bien sincères, (et nous n’avons pas attendu ce moment), pour que vous viviez, vous et les chers